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La justice européenne s’oppose à la transmission et la conservation généralisée des données de connexion
Article mis en ligne le 7 octobre 2020

Dans une décision très attendue, la Cour de justice de l’Union européenne juge que les Etats n’ont pas le droit d’imposer aux fournisseurs de services de communications électroniques une obligation de transmission et de conservation généralisée et indifférenciée des données de connexions des internautes.

Les données de connexion utilisées pendant les enquêtes
Les données de connexion permettent d’identifier quiconque qui a contribué à la création d’un contenu. Il peut s’agir de son adresse IP, sa géolocalisation mais également ses relevés téléphoniques ou encore le numéro de ses contacts fréquemment appelés. Ces informations personnelles peuvent être très utiles lors d’une enquête pour identifier l’auteur de l’infraction ou récolter des preuves.

En France, c’est la loi du 24 juillet 2015 qui offre la possibilité aux services de renseignement de se voir transmettre en temps réel les données de connexion d’une personne identifiée comme une menace. Cette obligation de conservation et de transmission pèse sur les opérateurs. De nombreuses associations s’inquiétaient des pouvoirs ainsi conférés aux services de renseignement. La Quadrature du Net a notamment saisi le Conseil d’Etat estimant que la législation française violait le droit européen.

Une première interdiction en 2014
Sollicité par le tribunal chargé des pouvoirs d’enquête au Royaume-Uni, le Conseil d’Etat et la Cour constitutionnelle belge, la cour s’est donc penchée sur la validité du régime de conservation des données au regard du droit européen.

Dans cette nouvelle décision, elle ne fait que confirmer les principes déjà posés en avril 2014 (...)

Pour la justice européenne, ces obligations de transmission et de conservation généralisée et indifférenciée constituent "des ingérences particulièrement graves dans les droits fondamentaux garantis par la Charte" tels que le droit au respect de la vie privée.

Des dérogations pour menace grave ou activités terroristes
En bref, les autorités judiciaires et de renseignement ne peuvent plus demander la transmission des données de connexion aux opérateurs…à quelques exceptions près. (...)

Cette nouvelle décision va avoir des conséquences très importantes pour les services judiciaires et de renseignement, en particulier sur les procédures en cours. Comme François Molins, procureur général près la Cour de cassation, l’expliquait au Monde dès 2014, "nombre d’enquêtes pénales en cours" pourraient être arrêtées net ou leurs actes frappés de nullité.