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La liberté d’expression est-elle de nouveau menacée en Tunisie ?
Article mis en ligne le 27 mars 2013

Blogs, radios, sites d’information et d’investigation : les nouveaux médias ont fleuri en Tunisie, après avoir joué un rôle décisif dans le renversement de la dictature. La liberté d’expression et celle de la presse sont considérées comme les principaux acquis de la Révolution. Mais l’ombre de la censure plane encore. Le système de surveillance de l’ancien régime est toujours en place. Et l’apprentissage de cette liberté chèrement gagnée n’est pas si aisé alors que les islamistes radicaux, entre autres, multiplient les pressions.

(...) si la liberté d’expression et de la presse est le principal acquis de la Révolution, elle peut encore être remise en cause. Les serveurs du ministère de l’Intérieur qui surveillaient et filtraient les accès Internet ont été désactivés le 14 janvier 2011, date de la fuite de Ben Ali et de sa famille en Arabie Saoudite. Mais ils existent toujours. Ainsi qu’« Ammar 404 », le surnom donné aux services de censure d’Internet, en référence au message d’erreur « 404, page non trouvée » lorsque la page Internet n’est pas valide... Ou lorsque son accès est censuré.

« Deux ans après, le système de filtrage d’Internet n’a pas pu se rétablir. L’agence tunisienne de l’Internet est farouchement contre », positive Malek Kadhraoui, rédacteur en chef du journal en ligne Nawaat, également créé par des blogueurs en 2006, pendant la dictature. Et devenu une référence en matière d’investigation. Reste que l’agence est sous la pression de la frange la plus radicale d’Ennahda, le parti islamiste au pouvoir. (...)

Tel est le paradoxe de la situation de la liberté d’expression en Tunisie. Une immense avancée qui demeure bien fragile. Un signe ne trompe pas : l’augmentation des agressions contre les journalistes, recensées par le centre de Tunis pour la liberté de la presse (CTLJ) (...)

Comment défendre cette liberté nouvelle, pilier du processus de transition ? « Si nous voulons démocratiser le pays, il faut la liberté d’expression. Et la liberté d’expression, c’est, entre autres, la radio » (...)

douze nouvelles radios, dont deux associatives, sont autorisées. D’autres, en attente d’agrément, demeurent des radios pirates.

L’enjeu pour le syndicat tunisien des radios libres est que les stations « disposent de leurs propres moyens d’émissions pour ne pas risquer de se voir couper directement la fréquence ». Car l’attribution des fréquences et la mise à disposition d’un émetteur demeurent contrôlées par la radiodiffusion publique, donc l’État.
(...)

Dans les villes de moins de 200 000 habitants, souvent très populaires, le désert médiatique règne. Et c’est là que se retrouve la base électorale du partis islamiste « modéré » Ennahda.

« Avant, c’était la dictature, mais tu pouvais lutter contre la répression avec l’objectif de faire tomber Ben Ali. Aujourd’hui, ce n’est pas le gouvernement qui t’agresse directement, c’est la religion  », soupire Bessem Krifa, journaliste blogueur. « Défendre la liberté, c’est pour tout le monde. Une femme qui veut porter le voile, on la défend. Si le voile lui est imposé, on la défend également. » (...)

En espérant que ce travail de mise en lumière et d’obligation de transparence renforcera le processus démocratique. Car entre ces nouveaux médias libres et les organes de presse proches du parti islamiste et financés par des fonds venus du Golfe (Qatar et Arabie Saoudite principalement), une course poursuite s’est engagée. (...)