
Nicolas Sarkozy n’a pas perdu de temps. Durant les dernières années, il avait conforté ou fortifié les arguments du Front national ; à la veille d’un second tour qu’il sait périlleux, il les fait siens. « Je vous ai entendus », lance-t-il, aux électeurs d’extrême droite et, tandis que son aile droite emmenée par Thierry Mariani tape sur « le droit de vote pour les immigrés », agite la régularisation des sans-papiers et la suppression des peines planchers pour les récidivistes, le président, sortant et bientôt sorti, espérons-le, réactive les vieilles recettes d’avant-guerre, en annonçant un « très grand rassemblement » antisyndical le 1er mai à Paris, pour une fête des travailleurs rebaptisée « fête du travail ».
« La fête du vrai travail », martèle avec la plus grasse démagogie celui que Neuilly a choisi à 75 %, et qui, pour bien signifier qu’il déclare la guerre aux travailleurs, a choisi comme lieu le Champ-de-Mars. On imagine donc un rendez-vous de corporations comme au bon vieux temps où les syndicalistes étaient clandestins...
(...) Les cortèges unitaires appelés par les confédérations n’auront, cette année moins encore que les autres, aucun caractère rituel. Les militants syndicaux, les salariés et les démocrates ont trouvé une raison de plus de leur assurer une force considérable pour défendre leurs droits et leurs revendications. Nul doute que les militants du Front de gauche y seront nombreux, apportant une contribution de plus pour mettre un terme à la démolition des conquêtes sociales entreprise depuis cinq ans par l’Élysée. Le président des riches doit être battu et le cabinet noir, qui, niché dans les ors du palais de la République, fomente la résurgence des idées d’extrême droite, doit être dissous par l’action des urnes le 6 mai. Les quelque quatre millions de voix qui se sont portées sur Jean-Luc Mélenchon sont un atout précieux pour l’élection de François Hollande. Laurence Parisot a fait ses comptes et redoute un élan de la gauche.
Puis, si le pourcentage du Front de gauche augmente encore lors des élections législatives qui suivront, nous nous doterons de forces supplémentaires pour empêcher l’entrée de députés lepénistes à l’Assemblée nationale