
La convergence de la crise climatique et de la hausse des importations de produits alimentaires en Afrique mène tout droit à la catastrophe. À moins que des mesures ne soient prises pour mettre en place des systèmes alimentaires locaux et supprimer la dépendance croissante vis-à-vis des importations de céréales et d’autres aliments de base, l’Afrique connaîtra des répliques multiples et plus graves de la crise alimentaire de 2007-2008, qui avait provoqué des émeutes de la faim sur tout le continent.
Les gouvernements africains et les bailleurs de fonds ont perdu les dix dernières années à mettre en œuvre des politiques et des programmes ratés qui visaient à soutenir les entreprises agro-industrielles, alors qu’ils ne faisaient pas grand-chose pour s’opposer efficacement aux entreprises qui se débarrassent de leurs excédents alimentaires et entraînent une augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre et une destruction de la biodiversité. À présent, les mouvements pour la justice climatique et les producteurs alimentaires africains doivent unir leurs forces pour éliminer la dépendance vis-à-vis des importations de produits alimentaires et parvenir à la souveraineté alimentaire sur le continent pour faire face à la crise climatique.
Pour l’Afrique, la crise climatique est une crise alimentaire (...)
On estime que le réchauffement climatique pourrait entraîner une réduction de 10 à 20% de la production alimentaire globale de l’Afrique (...)
Les Nations Unies prévoient que l’Afrique ne couvrira que 13% de ses besoins alimentaires en 2050 (...)
Les pays africains sont déjà bien conscients de la vulnérabilité dans laquelle les laisse cette dépendance à l’égard des importations de produits alimentaires. (...)
Le changement climatique multipliera les flambées des prix mondiaux des produits alimentaires et fera monter les prix internationaux des denrées de base. (...)
Si un ensemble de chocs météorologiques isolés et lointains ont suffi à provoquer des émeutes de la faim en 2007-2008, on peut imaginer à quoi cela pourrait ressembler dans les décennies à venir, si la crise climatique s’intensifiait et si des centaines de millions d’Africains supplémentaires dépendaient des importations de produits alimentaires de base. Il s’agit d’une crise en cours, à une échelle gigantesque, qui exige une action immédiate.
Un tel avenir n’est pas inéluctable. Des mesures complémentaires peuvent être prises à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique afin que ce continent ait la capacité de se nourrir lui-même dans les années à venir. (...)
les agriculteurs, les pêcheurs et les éleveurs nomades africains sont un exemple à suivre pour le reste du monde. Ils utilisent déjà des méthodes agroécologiques pour atténuer et renforcer la résilience face aux phénomènes climatiques extrêmes. Et ils sont plus que capables de nourrir tout le continent, même face aux crises climatiques croissantes. Ce dont ils ont besoin, c’est d’un accès suffisant à des terres adéquates, de l’eau, des stocks halieutiques et des semences, ainsi qu’à des politiques et des programmes qui les aident et permettent d’acheminer les produits alimentaires là où ils sont nécessaires. Cela semble simple, mais ce sont justement ces mesures de base pour la souveraineté alimentaire qui ne sont pas mises en œuvre. (...)
Comme l’a noté La Via Campesina en Afrique australe et orientale : « Alors que la discussion sur les changements climatiques au niveau mondial tourne souvent autour de prédictions sur les conséquences futures et la menace perçue d’un développement des migrations, les effets sont déjà fortement subis au quotidien par les paysans africains, les femmes rurales, les peuples sans terre et les communautés indigènes, qui ressentent les impacts du changement climatique tous les jours. » (...)