
Les procès intentés par des multinationales contre ceux qui mettent en cause publiquement leurs pratiques se multiplient, aussi bien en France qu’à l’étranger. L’Observatoire des multinationales, Sherpa et Ritimo organisent le mercredi 4 octobre une conférence à la mairie du Xe arrondissement de Paris, en partenariat avec des acteurs associatifs comme Greenpeace et France Libertés, pour débattre des réponses possibles à cette tendance inquiétante.
Dernièrement, c’est le promoteur de l’oléoduc Dakota Access Pipeline, objet d’une résistance très médiatisée des Sioux du Dakota, qui a poursuivi Greenpeace, Banktrack et d’autres ONG pour avoir « disséminé de fausses informations » et lui avoir prétendument fait perdre des centaines de millions de dollars.
Greenpeace, Sherpa, France Libertés ou Basta ! attaqués
En France, c’est Areva qui a poursuivi un simple blogueur pour avoir relayé le texte d’une association antinucléaire (lire l’article de Mediapart). Après avoir publié un rapport « Menaces sur les forêts africaines », Greenpeace est poursuivi par la Socfin, qui gère des plantations en Afrique de l’Ouest, et dont le groupe Bolloré est le principal actionnaire (lire ici). Basta ! a lui-même été l’objet de deux plaintes pour diffamation du groupe Bolloré pour deux articles évoquant la contribution des multinationales françaises au phénomène de l’accaparement des terres ; Bolloré a été débouté en première instance et en appel pour la première plainte (lire ici et là), tandis que la seconde plainte sera jugée en octobre 2018. On observe aussi de plus en plus de poursuites d’entreprises visant des chercheurs, ce qui a fini par susciter l’émoi du monde de l’enseignement supérieur et la mise en place d’une commission – la commission Mazeaud - pour traiter le problème. (...)
À l’heure où la société civile utilise de plus en plus les armes du droit contre les entreprises, ces « procès bâillon » sont aussi un moyen pour ces dernières de contre-attaquer. (...)
Surtout, les poursuites tendent de plus en plus à cibler leurs critiques à titre individuel, et pour des sommes considérables. Inutile de rappeler que les multinationales disposent de ressources très largement supérieures aux individus ou aux petites organisations qu’elles tentent ainsi d’intimider...
D’autres pays, confrontés à ce type de procédures, ont mis en place des garde-fous. C’est le cas du Québec, qui a adopté une loi visant à prévenir et sanctionner les abus de droit. C’est aussi le cas de l’Australie, qui a purement et simplement interdit les poursuites en diffamation aux organisations de plus de 10 salariés.
La conférence-débat organisée par l’Observatoire des multinationales et Ritimo aura lieu le mercredi 4 octobre 2017 de 18 à 21 heures, à la mairie du Xe arrondissement, 72 rue du faubourg Saint-Martin.
Inscriptions obligatoires ici.