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Le 1er mai 2020 Contre le racisme et l’extrême droite plus que jamais
Article mis en ligne le 30 avril 2020

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, 29 ans, profitait d’une journée ensoleillée. Il ne savait pas que des mains criminelles allaient le précipiter dans la Seine et mettre fin à ses jours. Les auteurs de ce crime venaient de quitter le défilé du Front national.

Pour la 1ère fois depuis 25 ans, nous ne serons pas, ce 1er mai, sur le Pont du Carrousel mais nous n’oublions pas. Nous n’oublions pas parce que ces rassemblements tous les 1er mai sont devenus les symboles du nécessaire combat contre toutes les formes de racisme, combat qui est plus que jamais d’actualité. (...)

L’épidémie de coronavirus a donné lieu à des réactions irrationnelles de racisme et a réveillé comme pour les Roms des fantasmes d’un autre âge sur le « péril jaune ». Des personnes d’origine ou de type asiatique, françaises ou non, ont été victimes d’insultes, de dénigrement ou d’un évitement, de comportements humiliants et inadmissibles. Le MRAP le rappelle, un virus n’a évidemment pas d’origine ethnique ou nationale ! Il frappe indifféremment des personnes de toutes origines ou nationalités, confirmant l’unité biologique de l’être humain.

Cette montée des racismes n’est pas propre à la France : les nuages bruns s’amoncellent en Autriche, Scandinavie, Pologne, Slovénie, Hongrie. Dans toute l’Europe, l’extrême-droite est en phase ascendante et dans certains pays elle est aujourd’hui une menace immédiate.

Mais l’extrême droite n’est pas seule en cause. Les préjugés xénophobes et racistes continuent d’imprégner le discours politique français, bien au-delà des partis qui en ont fait leur honteux fonds de commerce.

Quand les droits des migrants sont sans cesse remis en cause, au mépris des engagements internationaux de la France, quand le droit de vote pour les résidents non communautaires, a été « oublié », quand en France, les expulsions d’étrangers n’ont jamais été aussi nombreuses, quand les contrôles au faciès perdurent, quand les Roms sont violemment expulsés de bidonville en bidonville, quand la persistance des discriminations minent le vivre ensemble, comment s’étonner de la banalisation du racisme ?

Enfin, comment ne pas penser à cette Europe de la honte qui fait de la Méditerranée le cimetière de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, victimes de trafiquants sans scrupules ? Les migrants qui sont capturés en mer et refoulés en territoire libyen sont soumis à des conditions de vie inhumaines : Insuffisance de nourriture, d’eau, de soins médicaux, mais aussi passages à tabac, tortures, violences sexuelles, esclavage, homicides…. Plus personne ne l’ignore.

Le coronavirus fait courir un immense danger aux migrants dans les centres de rétention qui ne sont toujours pas fermés malgré les multiples appels des organisations de solidarité.

A côté de discours et de politiques inacceptables, ce sont aussi les inégalités sociales qui bafouent les valeurs de la République et créent un terreau favorable à la montée du rejet raciste de « l’autre ». (...)

En ce triste anniversaire, le MRAP tient à rappeler que le racisme est un phénomène unique dont les cibles et les formes peuvent, selon les moments et les circonstances, se développer, s’atténuer ou renaître de leurs cendres et que la solution n’est pas dans de futurs matins bruns, mais dans une mobilisation de tous pour faire reculer les problèmes sociaux générateurs de souffrances, d’inégalités, de concurrence et de ghettoïsation. Elle est dans la mobilisation pour une véritable égalité des droits. C’est à cette tâche que les antiracistes doivent s’atteler : en ces jours difficiles pour l’humanité cette tâche est plus que jamais d’actualité.