
A l’occasion des vingt-deuxièmes journées nationales des prisons (du 23 au 29 novembre), le Barreau de Bordeaux a tenu ce vendredi 27 novembre un colloque intitulé "La Prison craque", près de la Place de la Victoire à Bordeaux. Pour la première fois, le barreau s’associe à ce type d’initiatives pour faire un état des lieux des actuelles politiques d’incarcération et évoquer les enjeux d’une nouvelle politique pénitentiaire. L’occasion pour les professionnels du droit mais aussi les citoyens d’aborder la situation des prisons sous un angle nouveau.
(...) Selon les derniers chiffres datant de juin 2015, 65 500 personnes sont incarcérées dans 188 centres répartis à travers la France, soit un taux d’occupation de 115%. Le taux de suicide de ces établissements pénitentiaires est deux fois supérieur à la moyenne européenne.
Dépasser l’événementiel
Pour Pascal Faucher, juge d’application des peines, les débats sur les prisons sont encore trop rares : "On en parle souvent pour dire qu’elles flambent, quand il y a des émeutes ou des statistiques sur la surpopulation ou bien des évènements tragiques comme le 13 novembre dernier. Or, cette question doit dépasser l’évènementiel", affirme le professionnel. "Il ne faut pas que cela soit une réponse à l’évènement du jour". Tout au long de la journée, plusieurs thèmes importants ont été abordés, notamment la question de la santé du personnel et des usagers des prisons. "Le climat dans les prisons est anxiogène, il y a beaucoup de risques psycho-sociaux. Ce qu’on aimerait, c’est trouver un moyen de faire bouger les choses", continue Pascal Faucher.
L’évènement, auquel participaient majoritairement des avocats, étudiants ou professionnels du droit, était aussi l’occasion d’aborder le futur des prisons, les nouvelles applications possibles pour sortir de l’impasse de prisons vêtustes et surpeuplées régulièrement dénoncées par certaines ONG internationales comme étant parmi les pires d’Europe. (...)
Avec l’incarcération massive, on déplace le problème, on ne le traite pas", termine Pascal Faucher. Et même si certaines initiatives tendent à aller dans le bon sens (c’est notamment le cas à Gradignan ou un système de co-détenus de soutien a été mis en place en 2010 (pour lutter contre le suicide en détention), le problème est avant tout structurel selon Christophe De La Condamine.
Toujours beaucoup de récidives (...)