
Le 1er juillet 1972 était votée à l’unanimité de l’Assemblée Nationale et du Sénat la loi qui fait du racisme, « à raison de leur origine ou leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » un délit et non une opinion. Ce vote était l’aboutissement de vingt années de combats du MRAP. Elle fut complétée le 13 juillet 1990 par un article, proposé par le député Claude Gayssot (d’où le nom de loi Gayssot) visant à interdire et à poursuivre toute contestation de crimes contre l’humanité.
Aujourd’hui les préjugés xénophobes et racistes continuent d’imprégner le discours politique français, bien au-delà des partis qui en ont fait leur honteux fonds de commerce.
Zemmour déjà condamné définitivement à deux reprises pour incitation à la haine raciale, pour discriminations en fonction de la religion, quelqu’un qui réhabilite Papon et Pétain a l’intention d’être candidat à la présidence de la République. D’autres élus ou candidats sont régulièrement condamnés dans le cadre de cette même loi. Cela constitue une insulte aux valeurs de la République.
C’est pourquoi le MRAP soutient la proposition de résolution déposée par 15 députés et qui sera débattue à l’Assemblée Nationale le 2 décembre : elle demande au ministère de la Justice d’inciter à une application plus étendue de la peine d’inéligibilité dans les condamnations pour racisme.
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Le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel veut renforcer la loi Gayssot pour rendre inéligibles des personnes condamnées pour racisme ou incitation à la haine raciale, avec le polémiste Eric Zemmour dans son viseur.
« Il y a dans notre pays la loi Gayssot (de 1990) qui condamne toute personne qui tient des propos racistes, xénophobes, antisémites, moi je proposerai de renforcer la loi Gayssot en rendant inéligibles des personnes qui sont condamnées pour racisme, pour incitation à la haine raciale, pour discrimination en fonction de sa religion », a annoncé dimanche 10 octobre le patron du PCF sur Radio J.
"« Aujourd’hui des juges décident de rendre inéligibles des responsables politiques, des élus qui ont, par exemple, fait du détournement de fonds et je pense qu’on devrait avoir les mêmes sanctions pour incitation à la haine raciale, pour racisme, pour antisémitisme. »"
« Ce sont des condamnations » pour des faits graves « qui portent atteinte aux valeurs de la République, à la cohésion nationale, au vivre ensemble et il faut donc peut-être avoir un peu plus de sévérité dans ce domaine-là », a insisté Fabien Roussel, pour qui Eric Zemmour est « carrément » concerné.
« Opération de diversion »
Le candidat communiste a dénoncé « une grosse opération marketing autour d’un personnage qui a été condamné plusieurs fois pour incitation à la haine raciale, pour discrimination en fonction de sa religion, quelqu’un qui réhabilite Papon, qui réhabilite Pétain, qui fait du révisionnisme historique », et qui selon lui, « fait le jeu de l’antisémitisme ». (...)
Le MRAP partie civile au procès Éric Zemmour
Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) s’est porté partie civile dans le procès « Éric Zemmour ». Le MRAP est représenté par Maître Jean-Louis Lagarde.
Il soutient l’initiative des Conseils Départementaux qui se sont portés partie civile dans ce procès aux côtés des associations de défense des Droits de l’Homme. Éric Zemmour comparaît devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Paris pour ses propos ignobles sur les mineurs isolés tenus le 29 septembre 2020 sur CNews. Il les avait qualifiés de « ’voleurs’, ’assassins’ et ’violeurs’ » et rien d’autre. Il est cité par le Parquet pour « complicité de provocation à la haine raciale » et « injure raciale ». Le directeur de publication de CNews est jugé à ses côtés en tant que diffuseur des propos.
Précédemment Éric Zemmour a déjà été condamné (deux fois) pour les mêmes motifs (et aussi trop souvent relaxé). En mars, le CSA a sanctionné CNews d’une amende de 200 000 euros pour ’i« ncitation à la haine (....et...) à la violence ».
Il n’est pas concevable que Éric Zemmour, habitué des outrances et de la démagogie, puisse être candidat à la présidence d’une République qui s’honore de ses valeurs d’Égalité et de Fraternité.
Le MRAP demande que le Tribunal assortisse sa condamnation pour ses propos racistes d’une peine d’inéligibilité exemplaire, peine complémentaire prévue mais trop peu requise. Il soutient un projet de résolution en ce sens actuellement déposé par 14 députés.
Paris le 18 novembre 2021