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Le cercle très vicieux des taux d’intérêt bas et des inégalités
Article mis en ligne le 20 septembre 2021
dernière modification le 19 septembre 2021

Depuis de nombreuses années, on observe une baisse inexorable des taux d’intérêt de la BCE, qui sont carrément tombés à zéro depuis 2016. La tendance est la même aux États-Unis, malgré une toute petite remontée entre 2016 et 2020.

Sur le plan conjoncturel, on peut bien sûr évoquer les politiques de relance des banques centrales, qui prêtent de l’argent gratuitement pour tenter de relancer l’économie et l’inflation.

Mais la même tendance est à l’œuvre en excluant l’intervention des banques centrales. Ce taux d’intérêt « naturel », ou taux neutre (R*), reflète le taux d’intérêt réel qui équilibre l’épargne et l’investissement dans un environnement de plein emploi et de stabilité des prix.

Or, « en zone euro comme aux États-Unis, R* a baissé de 150 à 200 points de base au cours des quinze dernières années », rappelle François Villeroy de Galhau, le directeur de la Banque de France. « La tendance à la baisse des taux d’intérêt nominaux mondiaux s’inscrit dans un mouvement de près de quarante ans » qui s’explique par des changements structurels tels que le vieillissement de la population ou le ralentissement de la productivité et de la croissance.
Inégalités criantes

Mais selon une nouvelle étude publiée lors de la conférence annuelle de la Réserve fédérale américaine, le principal facteur qui tire à la baisse les taux d’intérêt est la montée des inégalités.

En effet, plus l’épargne augmente, plus R* diminue. Et comme les ménages aisés ont tendance à plus épargner que ceux à faible revenu, cela se reflète sur les taux d’intérêt. « La part du revenu allant aux 10% supérieurs des ménages a augmenté régulièrement depuis les années 1980 et correspond presque exactement à la tendance à la baisse du taux neutre », avancent ainsi les économistes à l’origine de l’étude.

« Même les effets démographiques (le fait qu’il y a de plus en plus de personnes âgées qui épargnent davantage) ne jouent pas autant que les inégalités », pointent-ils du doigt. (...)

L’ironie du sort est que la politique de taux bas augmente elle-même les inégalités. En gonflant artificiellement les prix de l’immobilier et des actions, des actifs majoritairement détenus par les plus riches, elle accentue les écarts de revenu et de patrimoine entre les ménages aisés et ceux à faible revenu.

Et la situation n’est pas près de s’arranger. (...)

Bref, une situation de blocage complet qui n’augure rien de bon, sauf pour les États cigales, qui peuvent joyeusement continuer à s’endetter sans conséquence.