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Le Monde
Le conflit sur les mégabassines pose la question de la gouvernance de l’eau
#MegaBassines #eau #sécheresse
Article mis en ligne le 16 décembre 2022

Les canicules de l’été 2022 et la sécheresse ont mis en évidence la nécessité d’une meilleure utilisation des ressources hydriques. La multiplication des mégabassines, qui ne servent que l’agriculture conventionnelle, peut semer la controverse.

La mégabassine, l’agriculteur irrigant et les manifestants : cette fable d’aujourd’hui risque d’occuper l’actualité encore un moment.

Après l’avoir chassée, l’hiver, de leurs champs à grand renfort de drainage, les exploitants des grandes cultures réclament que l’eau leur soit garantie l’été, la sécheresse venue. L’affaire divise et des tensions se manifestent, comme à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), fin octobre. Le drame de Sivens où, en 2014, Rémi Fraisse a trouvé la mort lors d’une manifestation contre le projet d’une retenue sur le Tescou, dans le Tarn, a déjà montré que le consensus français est rompu. Un débat large sur l’épineuse question de la gestion de l’eau – sa gouvernance, sa répartition, les économies à réaliser – ne peut être renvoyé à plus tard.

Faute de ce débat, les pouvoirs publics n’ont guère de chance d’aborder sereinement la question du stockage de la ressource hydrique. Est-elle pertinente ? L’idée de thésauriser de l’eau ne date pas de l’essor de l’agriculture intensive. Voilà longtemps que les sociétés humaines détournent des rivières à leur profit et récupèrent les précipitations. Mais 2022 a donné aux Français un aperçu des effets du changement climatique en cours. Tous les experts annoncent des sécheresses plus intenses et plus longues – pas seulement l’été : elles pourront être pluriannuelles, y compris dans les zones tempérées.

Pénuries prévisibles

Désormais, tout le monde veut donc sa retenue collinaire, son barrage, son lac artificiel, son réservoir (...)

Face aux pénuries prévisibles, l’hydrologue Florence Habets suggère d’envisager des formes nouvelles de stockage dans des nappes souterraines préservées ou des lacs de montagne bien protégés. La démarche n’aura de sens que si l’on s’autorise à n’y puiser qu’en dernier recours, prévient-elle. (...)

L’opinion publique peut donc légitimement s’interroger sur les priorités de l’Etat. Certes, il n’y a pas d’agriculture sans eau, mais il n’y a pas non plus de vie tout court. Consteller le territoire d’immenses infrastructures, essentiellement financées par de l’argent public, pour quelques poignées d’exploitants irriguant principalement des grandes cultures ne constitue qu’une réponse parcellaire. D’autant que leur modèle intensif ne représente que 5 % de la superficie de la ferme France. (...)