
Troisième récit de la série Voyage au bout de la Terre, une aventure en pays Afar là où la vie n’a pas changé depuis des millénaires et où les hommes vivent toujours selon leurs rudes traditions. Après avoir suivi les caravanes de chameaux et visité l’impressionant cratère de Dallol, nous sommes sur les sites d’extraction de sel, où ce dernier est encore extrait à la main
Pour les caravaniers, Dallol ne représente rien d’autre que la source du sel, leur seul moyen de subsistance dans cette région hostile. Le sel de cette région provient d’inondations ancestrales de la Mer Rouge provoquées par le processus de séparation des plaques terrestres dans la vallée du Grand Rift. A la suite de chaque inondation, des strates de sels se sont formées après évaporation de l’eau. Les plaines de sel sont à quelques minutes du cratère de Dallol, en direction du camp d’Hamadila.
Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre quand on me parlait des sites d’extraction de sel : des salines mécanisées, des mines à ciel ouvert ? en tout cas, je ne m’attendais surtout pas à ce que j’ai vu ! Sur une superficie d’environ deux hectares de terre sèche et craquelée, les extracteurs de sel, en position accroupie et avec des outils rudimentaires, découpaient à la main des plaques de sel trouvé juste en-dessous de la surface. Ils taillaient ensuite ces plaques pour leur donner la dimension standard requise pour la vente. Les chameaux étaient assis, dans l’attente paisible d’être à nouveau chargés de leur cargaison pour reprendre leur voyage de retour vers Mekele. Il était déjà midi lorsque nous arrivâmes, la chaleur devenait insupportable mais les ouvriers n’interrompaient pas le labeur qu’ils avaient commencé à l’aube. La condition humaine dans toute sa précarité. Ces hommes étaient esclaves de cette terre et du sel qu’elle contenait. Ils n’avaient pas d’autres ressources que de supporter cette chaleur et ce labeur, et ils faisaient ça depuis des siècles, par une condition héritée de leurs ancêtres. J’avais devant moi l’image d’un autre temps, une image intemporelle. (...)
La plupart de ces hommes ont laissé leur famille dans leur pays d’origine et se retrouvent seuls dans cet endroit avec pour seule compagnie leurs collègues de travail et une vieille television. Pour eux aussi, la vie n’est pas facile dans la désolation de cette endroit.