
La technique, particulièrement dégradante, consiste à stigmatiser les enfants pour inciter leurs parents à payer les frais de cantine.
Aux Etats-Unis, la cantine peut vite devenir un théâtre de souffrances pour les enfants dont les parents ne peuvent pas leur payer un déjeuner ou ont simplement des retards de paiement. Cela s’appelle le lunch shaming (déjeuner dégradant). La technique particulièrement humiliante, pratiquée par certains établissements, consiste à stigmatiser les enfants pour inciter les parents à payer les frais de cantine.
Des jeunes enfants se retrouvent contraints de passer le balai ou de nettoyer les tables devant leurs camarades en échange d’un repas. Parfois, ils sont obligés de porter un bracelet, pour que le personnel de cantine puisse facilement les repérer.
Au début d’avril, le Nouveau-Mexique est devenu le premier Etat américain à interdire cette pratique. La loi a été défendue par le sénateur démocrate du Nouveau-Mexique, Michael Padilla, dont l’histoire résonne avec ces enfants stigmatisés. Elevé dans des familles d’accueil car ses parents n’avaient pas les moyens de l’élever avec ses quatre frères et sœurs, il a lui-même connu ces moments de honte à la cantine, dans sa jeunesse : (...)
Tampons sur les mains et repas chauds à la poubelle
Une telle stigmatisation de jeunes enfants dans l’environnement scolaire n’est pas illégale aux Etats-Unis. Des incidents et des initiatives particulièrement médiatisées avaient rappelé cette réalité aux citoyens américains en 2016.
En juin 2016, un élève de l’école élémentaire de Gardendale, en Alabama, est revenu chez lui avec un tampon sur son poignet où il était écrit distinctement « I need lunch money » (j’ai besoin d’argent pour le déjeuner) accompagné d’un smiley. On en arrive même à jeter le repas chaud devant l’enfant qui ne peut pas se le payer, en lui offrant un repas froid à la place. (...)
La nouvelle législation du Nouveau-Mexique exige des établissements scolaires, qu’ils soient publics ou privés, de trouver un arrangement direct avec les parents. L’enfant ne doit plus être l’intermédiaire entre les parents endettés et l’école.
La loi évitera des stigmatisations d’enfants devant leurs camarades, mais elle ne règle pas le problème structurel du système scolaire américain qui a permis au lunch shaming de se banaliser : (...)