
Les responsables d’Horizeo ont annoncé ce mardi leur volonté de poursuivre leur projet de centrale photovoltaïque géante à Saucats, près de Bordeaux, en tenant compte d’une partie des avis émis lors du débat public. Ils comptent notamment modifier certaines aspect d’Horizeo, baptisées « briques » : plus question notamment de construire un data center sur un terrain non artificialisé et la taille même du parc – 1000 hectares de panneaux solaires – pourrait être revue à la baisse si l’impact sur la biodiversité s’avère trop important.
(...) Poursuite des études
Ainsi, de nombreux avis, dont récemment celui du maire de Saucats dans Libé, s’étaient manifestés contre le projet de centre de données, craignant l’artificialisation d’une partie du site et sa transformation en zone d’activité bitumée. Ses promoteurs ont donc « fait le choix de [le] déplacer hors de l’aire d’étude », selon Bruno Hernandez :
« Il n’y aura plus de data center dans la zone. Il n’y a pas eu de consensus et d’intérêt suffisant des parties prenantes. Nous cherchons dans les environs une zone déjà artificialisée, voire urbaine et autant que possible avec une alimentation à 100% énergies renouvelables. »
Le responsable d’Engie indique également que les études vont se poursuivre sur la place de l’agriculture sur le site, qui pourrait être étendue, et surtout sur l’implantation de l’électrolyseur, destiné à transformer l’électricité photovoltaïque en hydrogène. (...)
« Gestion des impacts environnementaux »
En revanche, Engie & co maintiennent leurs ambitions initiales sur le cœur du réacteur, la centrale photovoltaïque et la dimension des batteries de stockage de l’électricité. (...)
Car le « défrichement reste le sujet clé », selon le responsable d’Horizeo. Produire un GW, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire, ou la consommation électrique annuelle de 740000 personnes (l’équivalent de la population de Bordeaux Métropole), nécessite en effet d’installer des panneaux sur 1000 hectares, soit la moitié de la surface du site du projet. (...)
Alors que les études réalisées pour le débat public ont révélé la présence d’au moins sept espèces protégées dans la forêt de Saucats, les promoteurs d’Horizeo assurent qu’ils tâcheront de préserver les parcelles « à enjeux forts de biodiversité », et que c’est « possible sur la moitié du site ».
Au nom du précepte « éviter, réduire, compenser », Engie confirme l’objectif annoncé pendant le débat public de 2000 ha de reboisement. L’entreprise et ses partenaires comptent lancer un appel à manifestation d’intérêt pour trouver « à proximité du site » des parcelles non sylvicoles et financer des plantations chez des entreprises ou des particuliers.
Nouvelle phase de concertation
Enfin, afin de répondre aux autres critiques surgies lors du débat public, elles ont commandité des études sur la gestion des risques incendies et inondation, ainsi que sur l’impact d’une telle centrale solaire géante sur le microclimat. Mais Bruno Hernandez n’en démord pas sur l’intérêt, un brin contre-intuitif, de raser une forêt pour lutter contre le changement climatique. (...)
Alors que la France et l’Europe cherchent des solutions alternatives au gaz russe et veulent améliorer leur indépendance énergétique, le directeur d’Horizeo vante en outre le fait que le mégaparc participera aux objectifs nationaux et régionaux – il représenterait 15% des besoins de la région Nouvelle-Aquitaine, sans nécessiter de subvention publique.
Les promoteurs du projet visent un dépôt des demandes d’autorisations dans un an, après le bouclage des études environnementale, et celle d’une nouvelle phase de concertation
(...) Une enquête publique sera ensuite réalisée. Si l’Etat donne son feu vert à l’issue de celle-ci, les travaux pourraient démarrer fin 2023, pour une mise en service espérée en 2025. Les opposants au projet, qui dénoncent le principe même d’une mégacentrale en pleine forêt, risquent toutefois de ne pas être convaincus par les évolutions d’Horizeo, et n’en resteront probablement pas là.