
En France, de nombreuses personnes n’ont pas recours à des droits et à des services sociaux alors qu’ils en ont la possibilité. Les niveaux de non-recours sont très variables selon les droits et services concernés.
(...)Le taux de non-recours au RMI (Revenu minimum d’insertion, remplacé aujourd’hui par le Revenu de solidarité active) s’établissait à 35 % en moyenne en France au milieu des années 1990 [3]. Ce taux est équivalent à celui observé aujourd’hui pour le RSA dit « socle » (pour les personnes sans emploi). En revanche, le taux est beaucoup plus élevé pour le « RSA activité », qui fournit un complément de revenus quand ceux liés au travail sont trop faibles. Fin 2009, quelques mois après le remplacement officiel du RMI par le RSA, on observait alors un taux de non-recours de l’ordre de 70 % [4]. (...)
Des taux de non-recours importants sont également observés pour les prestations sociales concernant l’accès aux soins. (...)
En ce qui concerne les prestations liées au logement, en revanche, les taux sont relativement faibles, mais il n’existe pas de données assez récentes pour estimer le phénomène. (...)
Les niveaux élevés de non-recours observés pour le RSA et la CMU s’expliquent notamment par la complexité des démarches, qui peuvent décourager certaines personnes éligibles. D’autres ignorent, faute d’informations, qu’elles sont concernées par ces aides. Certains ayants droits potentiels refusent tout simplement ces aides, de peur de se voir assimilés à des « assistés » et d’être considérés comme « pauvres », ou parce qu’ils estiment une telle aide inutile ou injustifiée. L’exercice de mesure des taux de non-recours est précieux : si l’existence d’aides sociales en faveur des plus démunis est fondamentale, leur efficacité est toute aussi importante. Et pour déterminer si une politique est adaptée, il faut être capable d’en mesurer le niveau de réception. (...)
Malheureusement, l’intérêt pour ce sujet est loin d’être à la hauteur du phénomène. Il apparaît bien faible à côté des discours actuels sur l’ « assistanat ».
(...) Wikio