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Le piéton perd-il la bataille de l’espace urbain ?
Article mis en ligne le 11 août 2017
dernière modification le 10 août 2017

Malgré la vulnérabilité des piétons en ville, ceux-ci peinent à faire entendre leur voix, contrairement au cyclistes. Pourtant, les grandes municipalités les prennent de plus en plus en compte.

559 personnes ont perdu la vie sur les trottoirs de France en 2016, selon les chiffres définitifs de la Sécurité routière. Entre véhicules stationnés sur les trottoirs, vitesse élevée de certains cyclistes et proximité des voitures et scooters, les types d’accrochages sont multiples au quotidien.

Dans un récent billet d’humeur paru dans Libération, la journaliste Johanna Luyssen dénonçait : « Il ne fait pas bon être un vulgaire piéton qui, déjà victime des grossièretés des voitures, bus et scooters, est désormais la proie des dingos à bicyclette (nous parlerons des Segway une autre fois). » Avec ironie, la journaliste tentait une explication culturelle : « Qu’il soit motorisé ou à vélo, le Parisien reste cet être grincheux et grossier qu’il vaut mieux avoir en journal. » (...)

Mais la grogne piétonnière n’a pas cours que dans la capitale. Selon une enquête OpinionWay réalisée en 2015 sur toute la France, 85% des piétons s’estimaient être en danger dans leurs déplacements.

Malgré tout, les piétons restent discrets, notamment sur Twitter, au contraire des cyclistes urbains, plus engagés. Tout le monde est pourtant piéton à un moment donné : rien qu’à Paris, 52% des déplacements se font uniquement à pied ; cela représente 3,6 millions de déplacements pédestres par jour, décomptés en direct ici.

Un paradoxe relevé par Sylviane Rault, adjointe à la mairie de Rennes en charge de la Mobilité, l’une des seules assez actives à ce sujet sur Twitter. « C’est un mode naturel, le premier mode de déplacement, alors qu’il y a rarement de plan piéton dans les municipalités. Il y a moins de “lobby” piéton, peut-être parce qu’il n’y a pas de véhicule. » L’élue regrette un peu ce manque de mobilisation qui, dans le cas des cyclistes, maintient les décideurs à portée de fusil des citoyens : « C’est tonique et militant, ça booste les élus ! »

Rappelons que malgré les politiques d’aménagement piétons, dans la majorité des cas la cause des accidents provient surtout du comportement des usagers. (...)

L’ère du « corps-mobile »
Malgré tout, la grogne piétonnière est amenée à se développer. La mobilité urbaine, en évolution permanente, a vu des dangers inédits apparaître avec l’émergence de nouveaux modes de transports. Hoverboard, gyropodes, monoroue… autant de concurrents du piéton dans la bataille pour l’espace urbain. Le reflet selon Georges Amar du passage de l’ère de l’automobile à celle du « corps-mobile ». Cette multitude d’engins électriques sur roues, interdits de circulation en Angleterre, a investi les trottoirs ces dernières années. Illégalement selon Jean-Paul Lechevalier, des Droits du piéton.

Si le Journal officiel du 26 mai 2009 qualifie bien les gyropodes de « véhicule » et les exclut des trottoirs, il subsiste un vide juridique pour les autres engins similaires. (...)