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« Le plan de la France insoumise est animé par l’idée qu’il y a urgence écologique »
Article mis en ligne le 26 février 2017

Quel est le programme écologique de Jean-Luc Mélenchon ? Comment le mettre en oeuvre ? Son bras droit sur l’environnement, Martine Billard, répond en détail. Avec une obsession : l’idée de l’urgence d’agir face à la gravité de la crise écologique.

Martine Billard - Nous partons du constat de l’urgence écologique due au réchauffement climatique, à la perte de la biodiversité, à la dégradation des sols, aux pollutions de toutes sortes. Et nous jugeons que l’écologie passe avant l’économie en raison de cette urgence absolue.
Par rapport à cela, il y a deux propositions très concrètes : la première est d’inscrire la Règle verte dans la Constitution. La Règle verte, c’est le principe qu’il ne faut pas prendre à la planète plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer, et qu’il ne faut pas produire plus de déchets que ce qu’elle peut absorber. Cela permettrait par exemple de s’opposer au projet de Notre-Dame des Landes, qui implique la disparition d’une zone humide.

Le moyen d’appliquer la Régle verte est ce qu’on a appelé « la planification écologique ». Aujourd’hui, compte tenu de l’urgence écologique, on ne peut pas se contenter d’incitations, on est obligé d’aller très vite. Pour aller très vite, il faut planifier. Ce n’est pas quelque chose qui tombe d’en haut, c’est une articulation à tous les niveaux des actions nécessaires. L’idée est de mener un grand débat démocratique dans tout le pays qui associe les corps constitués (associations, syndicats, corps professionnels) et les citoyens de manière à définir les objectifs du plan, qui serait ensuite adopté par le Parlement, puis appliqué à tous les échelons, en coordonnant les politiques. (...)

Il faut une renégociation européenne, pour en terminer avec la politique d’austérité, en finir avec les obligations de privatisations dans les secteurs du rail, de l’eau, de l’énergie... Si la renégociation n’aboutit pas, on envisage la sortie de tous les traités. L’expérience de la Grèce montre que si on ne tape pas du poing sur la table et qu’on n’y met pas le rapport de force, il ne se passe rien.

Ce serait un bouleversement

Oui. Il y a 50 ans, on aurait pu être plus modéré, parce qu’on n’en était pas au niveau de désastre écologique actuel. Mais aujourd’hui, on voit année après année, quelquefois mois après mois, que toutes les hypothèses sur le climat ou sur la biodiversité sont revues régulièrement en pire. Le bouleversement qu’on propose n’est pas pire que ce qu’on serait obligé de faire en cas de guerre. On a une guerre à gagner, qui est celle de l’urgence écologique. (...)

La population en France est plus convaincue sur l’urgence écologique que pas mal de politiques. Mais elle ne voit pas de solutions pour y répondre. Ceux qui ont des moyens ont des solutions individuelles. Et ceux qui n’ont pas de moyens n’ont pas de solutions. Si on démontre qu’il y a des solutions et que cela passe par une autre répartition des richesses, - qui est la clé -, cela devient acceptable. Les plus riches vont voir baisser leur niveau de vie. Ceux qui sont en bas de l’échelle vont voir leur vie améliorée. Par exemple, grâce à la rénovation thermique des bâtiments, les factures énergétiques seront moins lourdes. Si on passe à une agriculture bio de masse, les prix augmenteront un peu. Mais la bonne alimentation est meilleure pour la santé que la malbouffe actuelle. Dans l’ensemble, même si les produits sont un peu plus chers, les citoyens s’y retrouveront parce qu’on aura des produits réparables et recyclables. (...)

Quand on lit le programme L’avenir en commun, on constate qu’il y a beaucoup d’objectifs, mais on se demande concrètement comment cela va être fait, en dehors des grands outils généraux de la Règle verte et de la planification écologique ?

Tout est décliné plus en détail dans des livrets thématiques. On travaille beaucoup à partir de ce que produisent les chercheurs et les associations. On s’enrichit de tout ce qui existe comme recherches et comme expériences locales. Il s’agit de voir quels dispositifs d’incitations et d’aides on peut mettre en place pour que ces expériences puissent être reproduites ailleurs. S’il y a un gouvernement de la France insoumise, il demandera à ceux qui mènent ces expériences d’aller sur le terrain pour expliquer comment faire. Notre vision n’est pas jacobine, comme on nous en accuse souvent, mais au contraire foisonnante et partant du terrain. (...)