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Le populisme contre le peuple
Article mis en ligne le 9 août 2013

Retour sur les enseignements peu médiatisés d’un sondage sur le voile

"Les attentes de l’opinion sont claires", annonce Le Fîgaro ce vendredi 9 août 2013, puisque les chiffres parlent d’eux-même : 78% des Français se déclarent "opposés" au "port du voile dans les salles de cours des universités", ils sont même 84% à s’y déclarer "opposés" pour les "établissements privés accueillant du public", et 63% pour "la rue". Une bonne occasion pour rappeler que les sondages, en imposant des problématiques aux sondés puis au public, ne disent rien sur les "attentes" dudit public puisqu’ils n’enregistrent qu’un consentement – et un consentement le plus souvent extorqué, au moyen de formulations orientées. Une bonne occasion pour rappeler, exemple à l’appui, que les chiffres ne parlent jamais d’eux-même – et qu’en vérité ils parlent souvent de ceux qui les produisent ! (...)

 seuls 22% des sondés choisissent, comme le préconisent nos dirigeants politiques, d’interdire le port du foulard "et d’ exclure de l’école les jeunes filles qui refusent de l’ôter".

Au total, ce sont donc 72% des personnes interrogées qui refusent l’exclusion de ces élèves : voilà qui devrait peut-être faire réfléchir ceux de nos dirigeants que n’émeuvent pas les arguments de fond sur le droit à l’école pour tous et toutes, la brutalité d’une exclusion, et le rôle que doit coûte que coûte jouer l’école dans l’émancipation de toutes les filles, y compris celles qui portent le foulard.

Première conclusion : les dirigeants, de gauche comme de droite, en 2013 comme en 2003, qui partent en guerre contre les élèves et étudiantes "voilées", sont en train de se fourvoyer, aussi bien du point de vue des principes démocratiques que du point de vue de leur intérêt politique le plus immédiat. Ils commettent la même erreur d’appréciation que ceux qui, en 1998 et 1999, manifestaient leurs réticences ou leur franche opposition au PACS : ils pensent représenter la "France profonde", et relayer la voix de la "majorité silencieuse", alors qu’ils ne font qu’exprimer les préjugés de la minorité la plus réactionnaire et la plus crispée - une minorité que le sondage de Le Dépèche du Midi évalua naguère à 22%. (...)