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l’Humanité
Le scandale de l’accueil des mineurs isolés dévoilé par deux rapports
Article mis en ligne le 27 janvier 2021

L’inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié deux enquêtes mettant en évidence la situation dramatique des très jeunes, le plus souvent étrangers, hébergés à l’hôtel par les départements chargés de les protéger.

Il a fallu un meurtre pour que le scandale éclate : celui de l’hébergement à l’hôtel des mineurs pris en charge, dans les départements, par les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Le 11 décembre 2019, un jeune de 17 ans était mortellement poignardé par un autre, âgé de 15 ans, dans un établissement miteux de Suresnes (Hauts-de-Seine). Le meurtrier comme la victime, mineurs non accompagnés (MNA) étrangers, étaient sous la responsabilité du département, mais livrés à eux-mêmes – avec d’autres – dans cet hôtel. Deux jours après le meurtre, une manifestation des travailleurs sociaux du département avait pointé l’abandon de ces jeunes et dénoncé le manque de places dans les établissements spécialisés. (...)

Une « insupportable réalité » qui éclate au grand jour

Ce ne fut pas la seule conséquence du drame. Dix jours plus tard, le ministère confiait à l’inspection générale des affaires sociales (Igas) une mission de contrôle sur l’ASE des Hauts-de-Seine. Puis, fin janvier 2020, la même Igas voyait sa mission redoublée d’un état des lieux national sur l’hébergement des mineurs protégés dans les « établissements et structures non habilités » – c’est-à-dire les hôtels. C’est ce dernier rapport qui a été rendu public lundi 25 janvier, le premier l’ayant été une semaine auparavant. Mais, dans l’un comme dans l’autre, c’est une « insupportable réalité » qui éclate au grand jour, selon les propres mots du secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles, Adrien Taquet, pour qui le constat produit est « l’aveu de notre échec ». (...)

Cette réalité est déjà bien connue des travailleurs sociaux, comme le montrait la manifestation de la mi-décembre, lesquels vivent souvent très mal le fait de devoir recourir à ces hébergements en hôtel pour les enfants dont ils ont la charge. Le constat dressé par les inspecteurs de l’Igas, qui ont dûment visité un certain nombre de ces hôtels dans les Hauts-de-Seine, est accablant (...)

L’existence de risques majorés

C’est un des points les plus notables : quand ils sont placés dans des familles ou des structures d’accueil agréées, les mineurs confiés aux départements bénéficient, 24 heures sur 24, d’un encadrement qualifié présent sur place. Mais, à l’hôtel, les visites des éducateurs ou des inspecteurs de l’ASE se font rares, faute de temps et d’effectifs suffisants. Dès lors, l’Igas conclut à l’« existence de risques majorés » pour les mineurs quand ils se retrouvent à l’hôtel. Entre 7 500 et 10 500 enfants seraient aujourd’hui dans cette situation, soit quelque 5 % des 150 000 mineurs confiés aux départements. Avec une forte connotation raciste : selon le rapport, 95 % de ceux qui se retrouvent à l’hôtel sont des MNA qui, bien souvent, ont déjà dû affronter un parcours chaotique pour arriver jusqu’en France, et se retrouvent dans ces conditions qui les exposent à tous les dangers. (...)

L’Igas préconise que ce type d’hébergement ne soit « utilisé qu’à titre exceptionnel (…) et pour une durée très limitée », alors qu’aujourd’hui certains mineurs y restent plus d’un an. (...)