Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
les nouvelles news
Le sexe des programmes politiques
Article mis en ligne le 13 mars 2012

Quelles propositions en faveur de l’égalité femmes-hommes pour les différents candidats à l’élection présidentielle ? Analyse des consensus et des clivages.

Des années 1960 avec le droit à disposer de son corps, aux années 1990 avec l’exigence de parité dans la vie publique, les élections, notamment présidentielles, ont été l’occasion pour les mouvements féministes de faire entendre leurs revendications. « En ce sens, l’égalité femmes-hommes est aujourd’hui devenu un sujet politique légitime, voire consensuel, au sens où elle fait partie des thèmes sur lesquels les candidats trouvent naturels de se positionner », souligne Réjane Sénac, chargée de recherche au CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po, auteure de "L’invention de la diversité" (PUF).

Le consensus s’établit aussi autour de l’égalité professionnelle. Ou pour le dire autrement : aucun parti, aucun candidat ne se positionne contre le principe du "à travail égal, salaire égal". « C’est même la tarte à la crème », poursuit l’ancienne secrétaire générale de l’Observatoire de la Parité. Celle qu’on n’oublie surtout pas d’inscrire dans les programmes sur le mode du : « oui, oui, cette fois-ci on fera vraiment appliquer la loi. Les entreprises et les partis qui ne respecteront pas les objectifs de parité seront sanctionnés. C’est promis. » (...)

Le premier constat que l’on peut faire est celui d’une étrange évaporation d’une partie des bonnes intentions affichées l’année dernière, lors des débuts de réflexions sur le sujet. « Quasiment tous les partis ont eu une convention sur l’égalité femmes-hommes ou ont intégré ce thème dans une de leurs conventions, note Réjane Sénac. Mais entre les sujets abordés lors de ces conventions et leurs inscriptions réelles dans les programmes, il y a eu une grande déperdition... » (...)

Seuls le Front de Gauche et EELV (Europe Écologie - Les Verts) affichent sans complexe leur volonté de « se débarrasser du patriarcat » pour le premier et « mettre l’égalité femmes-hommes au cœur de la transformation de la société » pour les seconds.
(...)

Mesure symbolique (mais, espère-t-on, pas trop symbolique quand même), la création d’un ministère dédié aux droits des Femmes. Plutôt à gauche et chez les Verts qu’à droite. Les mêmes promettent la parité au gouvernement. Et puis... cela s’arrête là pour les propositions directes. Ensuite, il faut considérer les mesures plus transverses. Par exemple les questions de politiques familiales. François Hollande s’est interrogé longuement sur la question du quotient familial... avant d’opérer un recul prudent.
(...)

C’est que la question « qui va garder les enfants ? » reste épineuse et clivante. Le renforcement des allocations familiales, prôné par le FN, aboutit indirectement à sortir les femmes du marché de l’emploi. « Pourtant même ce parti a évolué, lorsqu’il parle de congé "parental" et plus "maternel" », observe Réjane Sénac. EELV s’engage vigoureusement pour un congé parental « paritaire ». L’UMP souhaite « développer l’aide à la parentalité », en proposant de fractionner le congé parental. Le gouvernement avait dit la même chose en 2009 et fait plancher le Haut conseil de la famille sur le sujet pendant un an pour finalement renoncer à quelque évolution... L’UMP soutient aussi la fameuse « suspension des allocations familiales » pour les parents défaillants.


Finalement, à travers les politiques familiales, ce sont bien des visions différentes des rapports hommes-femmes qui s’opposent.

(...)

Les politiques économiques et sociales sont également clivantes si l’on regarde leurs effets sur les carrières des femmes.
(...)
Autre sujet important : les retraites. Les dernières réformes ont pénalisé les femmes.
(...)

La plupart des partis émettent des propositions pour lutter contre la précarité, qui touche beaucoup plus les femmes que les hommes. L’effet de la suppression des exonérations sociales pour les entreprises ayant recours aux emplois précaires (mesure PS) reste néanmoins compliqué à mesurer. « La précarité s’applique différemment pour les hommes et pour les femmes, les premiers étant plus nombreux dans l’intérim, les secondes plus nombreuses à connaître du temps partiel subi », explique Hélène Périvier. Avant d’ajouter : « On s’accommode quand même plus facilement du temps partiel subi des femmes que du chômage partiel des hommes. »

EELV entend soutenir les emplois de service. Majoritairement occupés par les femmes, ces emplois sont souvent précaires... Reste à savoir comment concrètement un tel soutien peut s’opérer. Le Front de Gauche entend quant à lui mettre en œuvre un passage automatique à temps plein pour les salarié(e)s en temps partiel subi.

La poursuite des exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires (proposition UMP) défavorise, elle, clairement les femmes, qui ont moins recours à ce dispositif que les hommes. Quant aux plans de relance et aux investissements publics, les secteurs avancés par l’UMP comme par le PS ne sont pas très féminisés. « Il faudrait investir davantage dans la prise en charge de la petite enfance, l’école, le social », souligne Hélène Périvier.

De manière générale, les politiques économiques sont encore peu analysées à travers le prisme du genre. Dommage. Faut-il encore le rappeler, les femmes représentent 53% de l’électorat...

Ebuzzing