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Le triptyque de la protection sociale des néolibéraux de droite et de gauche : austérité, étatisation et privatisation
Article mis en ligne le 15 avril 2013
dernière modification le 11 avril 2013

L’ensemble de la protection sociale pèse plus de 30 % du PIB soit plus de 600 milliards d’euros. C’est de loin le premier budget humain, qui pèse près de deux fois plus que le budget de l’État tous ministères confondus. C’est la préoccupation majeure des citoyens et de leurs familles si on globalise l’ensemble de la protection sociale (retraites, santé et assurance-maladie, politique familiale, accidents du travail et maladies professionnelles, perte d’autonomie, assurance-chômage et les politiques d’assistance). Et pourtant, cela ne semble pas la priorité des partis politiques de gauche, y compris de la gauche de gauche. La dernière motion votée à plus de 95 % au dernier congrès du Parti de gauche ne s’est pas étendue sur ce sujet.

(...) Quand est-ce que la gauche en général et la gauche de gauche en particulier va prendre cela en compte et changer ses priorités stratégiques ? Il ne peut pas y avoir transformation sociale et politique sans combler ce fossé.
La mobilisation est cependant plus forte dans le mouvement syndical revendicatif (CGT, FO, Solidaires, FSU et Confédération paysanne) et dans les batailles défensives locales (proliférations de collectifs de défense locaux).

(...) Et pourtant l’enjeu politique est d’importance car la conséquence du triptyque n’est pas une simple politique de rigueur mais une croissance exponentielle des inégalités sociales de santé, de retraites, de logement, scolaires, parentales, dans la perte d’autonomie, dans l’emploi, etc.

Et en 2013, le gouvernement met la surmultipliée en fanfare.
 Le 11 janvier, il applaudit l’accord régressif interprofessionnel repoussé par la majorité des salariés.
 Le 15 janvier, il applaudit via Cahuzac à une proposition du Medef de désindexer les retraites complémentaires sur le coût de la vie entrainant mécaniquement une perte de pouvoir d’achat de 1 à 1,5 % par an.
 Le 10 mars, c’est Touraine qui monte en ligne pour dire que la lutte contre les déficits va faire baisser les acquis sociaux. La lettre de mission donné par Ayrault à Hubert Fragonard sur la politique familiale demande 2,2 milliards d’économies dans la branche Famille (voir l’article ci-dessous). Et on n’a pas encore idée de ce qui se trame sur la perte d’autonomie. (...)

Pour la branche famille, le manque de crèches collectives et familiales se fait de plus en plus sentir et pour les couches populaires ; c’est la double peine, puisque les tarifs pour une assistante maternelle ne sont pas aussi dégressifs que dans les crèches familiales et collectives ou gratuites comme dans les maternelles. Pour les deux à trois ans, à noter la suppression de plus de 100.000 places de maternelle depuis le début du siècle. Et la marche vers la fin de l’universalité de la politique familiale est à l’œuvre. (...)

Le CNR avait sanctuarisé la Sécurité sociale, ce gouvernement accélère la future privatisation du secteur. Déjà la France est championne d’Europe pour ses 23 % des lits hospitaliers à but lucratif pour les actionnaires, également dans le peloton de tête pour la privatisation des maisons de retraites
(...)

Les trois axes révolutionnaires du Conseil national de la Résistance sont petit à petit défaits :
 1/ la gestion de la Sécurité sociale par les élus des assurés sociaux, remplacée par le double mouvement d’étatisation et de privatisation des néolibéraux ;
 2/ le financement universel par la cotisation sociale ou salaire socialisé (prélèvement dès la création de richesse) remplacé par une fiscalisation décroissante permettant l’évasion fiscale et l’étatisation ;
 3/ le principe de solidarité (à chacun selon ses besoins, chacun y contribuant selon ses moyens) permis par une extension du champ du droit social, remplacé par la charité et l’assistance de la doctrine sociale des églises pour les plus pauvres et la privatisation spéculative pour les plus aisés, à quoi s’ajoute la distorsion du partage de la valeur ajoutée qui, au lieu d’augmenter régulièrement la part du salaire (salaires directs et prestations sociales), privilégie l’attribution de valeur ajoutée au profit des actionnaires, allant de pair avec une baisse des investissements productifs dans l’entreprise.

Ainsi, nous sommes bien dans une intensification de la lutte des classes au profit de l’oligarchie. (...)