
Chose assez rare pour être notée, les “marchés” ont la trouille. De Wall Street à la City de Londres en passant par le Palais Brongniart de Paris et les places asiatiques, c’est la même attente fébrile. Celui des résultats des législatives du dimanche 17 juin 2012.
Mais non, nigauds, pas celles qui se déroulent dans notre hexagone et dont le monde entier se fout ! Le résultat sera de toute façon bonnet blanc ou blanc bonnet. Il suffit de comparer les déclarations des nouvelles autorités avec celles des précédentes pour mesurer la presque totale absence de différence. Les “marchés” n’ont pas à s’en faire de ce côté-là.
(...) Non, je veux parler des législatives GRECQUES ! Parce qu’il pourrait se passer là-bas une chose entièrement nouvelle, tout à fait inédite depuis que la clique financière a mis ses vilaines pattes sur la direction des affaires du monde, de l’Union européenne (UE) en particulier : un vote populaire qui aille à l’encontre de ses directives.
Je veux parler bien sûr de ce parti Syriza, ce trublion dans le magistère de la Troïka (BCE, Commission européenne, FMI). (...)
Ce sont eux et les margoulins de la finance qui ont beaucoup plus à perdre d’un départ de la Grèce que la Grèce elle-même. Parce que contrairement à ce qu’ils chantent à tue-tête, depuis le départ de la crise, ils n’ont pas versé un traître euro d‘“aide” aux Grecs… mais des milliards pour sauver leurs propres banques en faisant payer l’addition aux Grecs.
(...)
ce que veulent Tsipras et Syriza, c’est exclure la Troïka de la zone euro et de l’UE ! Croyez-vous que l’union européenne, la vraie, en souffrirait ? (...)
Parce que oui, ce sont bien les électeurs grecs qui vont avoir à choisir leur sort. Voyez pas qu’ils aillent à l’encontre de la volonté des marchés ? Voyez pas qu’ils bottent le cul à la Troïka ? Voyez pas qu’ils confirment l’insurrection civique entamée lors d’un premier tour mémorable le 6 mai.
Confirmer la révolution citoyenne ou reculer encore d’un pas pour tomber dans le précipice de la “Grande perdition”, tel est l’enjeu des législatives grecques du dimanche 17 juin 2012. Comme du temps de Platon et d’Aristote, la réinvention de la démocratie, la vraie, est entre les mains de ce fichu peuple grec. Et l’enjeu ne concernera pas que ce pays.