Première leçon : il faut instaurer un échange automatique d’informations fiscales
Un échange automatique d’informations fiscales signifie que dès qu’un Français ouvre un compte bancaire, un trust, etc., dans n’importe quel paradis fiscal, le fisc de notre pays en est informé. Ainsi, la France recevrait des tableaux Excel qu’elle centraliserait et n’utiliserait qu’au moment où l’on aurait un doute sur tel ou tel contribuable pour vérifier si ses doutes sont censés ou pas. (...)
L’OCDE, qui fixe les standards internationaux d’échange d’informations fiscales a longtemps été contre l’échange automatique pour privilégier l’échange à la demande (...)
Le G20 de juin 2012 de Los Cabos a alors été une divine surprise : l’OCDE a changé d’avis et prône maintenant l’échange automatique en vantant ses qualités. Puis, la loi américaine FATCA, qui impose aux acteurs financiers privés d’informer le fisc de toute opération financière avec un Américain a enfoncé le clou et pourrait même amener une généralisation de l’échange automatique en Europe (voir les explications ici).
La France doit faire entendre sa voix sur le sujet car on ne l’a pas beaucoup entendu.
Deuxième leçon : l’exécutif doit se saisir du sujet de la délinquance fiscale (...)
Alors que sortir les banques françaises des paradis fiscaux représentait une promesse du candidat socialiste, le projet de loi de réforme bancaire ne comportait rien sur le sujet : il a fallu que les députés, puis les sénateurs interviennent pour imposer aux banques une comptabilité pays par pays.
Au moment où un ensemble de grands journaux publient leur enquête sur l’utilisation des paradis fiscaux par les puissants du monde, au moment où nos confrères suisses « s’amusent » et nous disent leur surprise de notre acharnement sur Jérôme Cahuzac alors qu’il y aurait d’autres hauts responsables français avec des comptes en Suisse, le gouvernement doit montrer sa fermeté et son engagement sans faille dans la lutte contre les fraudeurs et les paradis fiscaux
Troisième leçon : il faut préserver le consentement à l’impôt (...)
Un régime d’imposition ne peut être accepté que s’il est considéré comme juste : horizontalement (quelque soit la source du revenu, à revenu égal impôt égal) et verticalement (plus on est riche plus on doit proportionnellement payer d’impôt, ce que l’on appelle la progressivité). Le gouvernement a agi sur la première dimension en faisant grimper la fiscalité du capital. Mais il a oublié la seconde (...)
Le gouvernement ne doit pas laisser perdre le trésor – c’est le cas de dire !- que représente le consentement à l’impôt. Il doit agir pour remettre en cause les niches fiscales et lutter contre l’optimisation agressive. L’exigence est encore plus forte pour un gouvernement de gauche. (...)