
Pratique ancestrale contre droit de propriété... Deux conceptions de la montagne se heurtent de plein fouet dans les Pyrénées au pied d’une splendeur, le pic de Madres : celle des randonneurs et celle du géant de l’assurance Groupama.
Depuis toujours, les habitants et les amoureux de la montagne ont pu emprunter les mêmes chemins au départ de Mosset (Pyrénées-Orientales) pour exploiter les richesses naturelles du massif ou pour grimper en pente assez douce à 2.469 mètres et découvrir, par temps clair, la plaine du Roussillon et la Méditerranée d’un côté, les Pyrénées de l’autre.
C’est en tout cas ce que disent ceux qui aujourd’hui dénoncent une privatisation de la montagne et l’attitude seigneuriale, selon eux, de Groupama.
C’est que l’assureur est propriétaire depuis 30 ans du domaine de Corbazet, un paradis de verdure de 2.000 hectares où cohabitent les vaches, les perdrix grises et les mouflons, et que, depuis quelques années, il voit d’un oeil beaucoup moins favorable les intrusions sur ses terres sans permission.
Rivalités de pouvoirs - Il y a quatre ans, Groupama a commencé par interdire le passage des véhicules à moteur. Puis la cueillette des champignons. Et enfin les promeneurs démunis d’autorisation. Depuis le printemps, Henri Sentenac, le maire de Mosset, reçoit régulièrement des lettres de randonneurs qui s’étonnent d’avoir été chassés par des gardes privés. (...)
Aujourd’hui, le marcheur arrivant par là est accueilli par une série de pancartes lui interdisant la cueillette ou l’arrachage, et le mettant en garde contre le risque d’essuyer des tirs dans cette chasse gardée.
Certes, le domaine est privatisé depuis des siècles et on peut accéder à pied au pic de Madres par d’autres itinéraires. Mais les habitants de la montagne ont toujours eu le droit de passer par là, s’indigne François Miehet, 70 ans. Pour lui, les randonneurs sont les victimes d’une « régression féodale ».
Comme plus d’un millier de personnes, François Miehet a adhéré au collectif « Libérez le Madres » qui s’est constitué pour revendiquer un droit inaliénable selon lui. Le collectif appelle à manifester le 29 septembre. (...)
Sur internet, certains appellent à résilier les contrats d’assurance chez Groupama. La rancoeur des dépités est exacerbée par la toute puissance de l’argent à laquelle ils associent Groupama.
« Où est passée la générosité de ce groupe mutualiste ? » (...)