Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Twitter
Les Rohingyas restés au Myanmar, 5 ans après...
/Amnesty international
Article mis en ligne le 25 août 2022

Lire aussi :

Myanmar : Cinq ans plus tard, les Rohingyas sont toujours privés de justice et de liberté
Le triste anniversaire du début des atrocités met en lumière l’inaction de la communauté internationale

(Bangkok, le 24 août 2022) - Les musulmans rohingyas attendent toujours que justice soit rendue et que leurs droits soient protégés, cinq ans après le début d’une vaste campagne de massacres, de viols et d’incendies criminels menée par l’armée du Myanmar dans l’État de Rakhine dans le nord du pays et lancée le 25 août 2017, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Plus de 730 000 Rohingyas ont fui vers des camps précaires et inondables du Bangladesh, tandis qu’environ 600 000 personnes continuent de vivre sous le joug du régime oppressif du Myanmar.

Personne n’a été tenu de rendre des comptes pour les crimes contre l’humanité et actes de génocide commis contre la population rohingya. Cet anniversaire devrait inciter les gouvernements concernés à prendre des mesures concrètes pour faire en sorte que l’armée réponde de ses actes et pour garantir la justice et la sécurité pour les Rohingyas au Bangladesh, au Myanmar et dans toute la région. (...)

Depuis août 2017, Human Rights Watch a interrogé des centaines de Rohingyas qui ont fui les atrocités commises par l’armée du Myanmar au Bangladesh. Ces personnes ont décrit de nombreux incidents au cours desquels les soldats ont systématiquement tué et violé des villageois, avant de brûler leurs maisons. Au total, les forces de sécurité ont tué des milliers de personnes et incendié près de 400 villages. Ceux qui ont fui vers le Bangladesh voisin ont rejoint des centaines de milliers de réfugiés qui avaient fui les précédentes vagues de violence et de persécution. (...)

Les Rohingyas qui continuent de vivre dans l’État de Rakhine sont confrontés à des abus systématiques qui relèvent des crimes contre l’humanité que sont l’apartheid, la persécution et la privation de liberté. Ils sont confinés dans des camps et des villages, sans liberté de mouvement, et privés d’accès à une alimentation, à des soins de santé, à une éducation et à des moyens de subsistance adéquats.
(...)

Les Rohingyas sont effectivement privés de citoyenneté en vertu de la loi sur la citoyenneté de 1982 au Myanmar, une situation qui les rend apatrides. Les atrocités de 2017 s’appuyaient sur plusieurs décennies de répression, de discrimination et de violence de l’État.
(...)

En février 2021, les généraux qui avaient orchestré les atrocités contre les Rohingyas ont organisé un coup d’État et placé les dirigeants civils élus du Myanmar en détention. La junte militaire a répondu aux manifestations de masse par une campagne nationale de massacres, de torture, d’arrestations arbitraires et d’attaques indiscriminées s’apparentant à des crimes contre l’humanité et, dans les zones de conflit, à des crimes de guerre. Des unités militaires impliquées dans les atrocités de 2017 et sanctionnées depuis par les États-Unis et le Royaume-Uni ont été déployées dans tout le pays dans le cadre de nouvelles opérations.

La junte a imposé de nouvelles restrictions de mouvement et bloqué l’aide dans les camps et les villages rohingyas, aggravant la pénurie d’eau et de nourriture, ainsi que les maladies et la malnutrition. Depuis le coup d’État, les forces de sécurité ont arrêté environ 2 000 Rohingyas, dont des centaines d’enfants, pour des « déplacements non autorisés ». Beaucoup d’entre eux ont été condamnés à la peine maximale de cinq ans d’emprisonnement. L’intensification des combats entre l’armée du Myanmar et l’armée de l’ethnie Arakan a également eu pour conséquence que les Rohingyas se sont retrouvés pris entre deux feux. (...)