
(...) Outre l’extension du service civique ou le développement des agences économiques dans les zones urbaines sensibles, la plupart des mesures de cet énième plan banlieue visent surtout à lutter contre les inégalités territoriales. Casser la « relégation urbaine », les « ségrégations sociales » et « favoriser la mixité sociale » sont les nouveaux leitmotivs de l’exécutif depuis les attentats des 7, 8 et 9 janvier. (...)
(...) la priorité consiste à « éviter une concentration des populations et des pauvres dans les mêmes lieux ».
Reste à savoir, et c’est l’enjeu des annonces du jour, comment sera menée cette « politique de peuplement », pour reprendre les termes des deux têtes de l’exécutif. Une mesure figure déjà sur les tablettes du gouvernement. Il devrait annoncer aujourd’hui un renforcement de la loi SRU qui impose la construction de 25 % de logements sociaux aux communes de plus de 3500 habitants. Si la loi SRU a accéléré la construction de HLM sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les grandes villes, il y a toujours 215 maires hors-la-loi, selon les derniers chiffres, publiés la semaine dernière. « Les préfets vont devoir montrer les dents », explique-t-on déjà au ministère de la Ville. Sans dire, toutefois, si l’Etat se bornera à appliquer strictement les sanctions financières, renforcées par Cécile Duflot, ou s’ils iront jusqu’à se substituer au maires récalcitrants, comme leur autorise aussi la loi.
Stigmatisation des classes populaires, assimilées à des classes dangereuses
« Il faut aussi renforcer la loi pour obliger les communes à construire des logements très sociaux, de type PLAI », plaide François Pupponi, député-maire PS de Sarcelles (Val-d’Oise) et président de l’Agence nationale de rénovation urbaine. De nombreuses villes peuplées de classes moyennes et supérieures, quand elles respectent la loi SRU, préfèrent construire des HLM hauts-de-gammes, de type PLS. Ces logements sociaux affichent des loyers trop élevés pour les plus défavorisés.
Résultat, on « continue d’envoyer les plus pauvres dans les villes les plus pauvres », déplore François Pupponi. Le président de l’Anru a également demandé au gouvernement, à grand renfort médiatique, la mise en place d’un « moratoire sur l’application du droit au logement opposable (Dalo) dans les territoires de la politique de la Ville ». Les services de l’Etat, obligé de reloger tous les mal-logés reconnus prioritaires au titre du Dalo, les oriente vers le parc social à prix modéré, majoritairement situé dans les villes populaires. Ce faisant, elle ne fait qu’ajouter de la misère à la misère, protestent de nombreux maires de banlieues, désarmés devant la paupérisation sans fin de leurs villes. (...)
Au lieu d’employer des concepts comme l’apartheid, M. Valls ferait donc mieux d’employer les grands moyens. En l’espace de quatre ans à peine, les subventions d’Etat pour la production de HLM ont baissé de 84%. Quant aux logements locatifs faisant l’objet d’un conventionnement social, leur nombre a baissé de 88% entre 2009 et 2013. Inverser la tendance serait une autre manière de lutter contre « l’apartheid social ».