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Les circuits courts : un atout pour le commerce équitable ?
Article mis en ligne le 24 février 2016
dernière modification le 19 février 2016

(...) A un moment où émerge, en partie par la volonté du législateur, un commerce équitable nord-nord, il était intéressant de tenter de faire un point sur le rapport qu’entretiennent les consommateurs avec la notion de circuits courts (lire l’article "Une charte du commerce équitable local").

Un problème de définition
Les circuits courts alimentaires ne sont pas nouveaux en France puisque certaines formes comme les marchés forains ou la vente à la ferme marquent l’histoire de l’agriculture et des régions. Toutefois, ils sont restés peu reconnus jusque dans la période récente. Depuis le début des années 2000, ils suscitent un regain d’intérêt, lié aux crises sanitaires et économiques, au développement de nouvelles modalités de vente mais aussi aux valeurs portées par certains projets, à savoir le respect de l’environnement, un meilleur traitement des petits producteurs face à la grande distribution, la création de lien social.... Ce mouvement a encouragé leur reconnaissance par l’Etat en 2009, à travers une définition « officielle » (Ministère de l’Agriculture, Plan Barnier, 2009) :

« Un circuit court est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire. » La vente sans intermédiaire, c’est entre autres la vente à la ferme (panier, cueillette, marché à la ferme, etc.), la vente collective (point de vente collectif ou panier collectif), la vente sur les marchés, la vente par correspondance (internet, etc.), la vente organisée à l’avance (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne - AMAP)… Quant à la vente indirecte avec un seul intermédiaire, elle peut concerner la restauration (traditionnelle, collective,...), un commerçant-détaillant (boucher, épicerie de quartier, l’hyper ou le supermarché, etc.).

Pour autant, la définition communément retenue reste celle d’un mode de commercialisation qui n’implique pas que le produit soit de qualité supérieure ou respecte particulièrement l’environnement, ni que son producteur s’engage dans des pratiques sociales spécifiques. De même, la définition n’implique pas que le produit soit « local », c’est-à-dire que son origine soit géographiquement proche de son lieu de vente. (...)

ce sont plus de 4 personnes sur 10 (42%) qui achètent des produits en circuits courts ; et même si leur profil sociodémographique est assez peu caractéristique, on note dans cette population une surreprésentation des cadres supérieurs, professions intellectuelles, et des plus diplômés. On notera également que la moitié des acheteurs résident dans une commune de moins de 20.000 habitants, ce qui renforce l’idée d’un circuit court « local ».

Les trois principaux circuits courts, en fréquentation, sont les producteurs sur le marché (2/3 des acheteurs Circuits Courts s’y rendent au moins une fois par mois), les petits commerçants (36%) et les revendeurs sur les marchés (28%). Suivent les grandes surfaces, les marchés de producteurs, les fermes et magasins de producteurs. Interrogés plus précisément sur leur circuit court le plus souvent fréquenté, les consommateurs établissent une hiérarchie claire : le premier point de contact avec les circuits courts est sans conteste le marché de plein vent et les producteurs qui y tiennent un stand (37%) (...)

Fruits et légumes sont incontestablement les produits phares des circuits courts (...)

On remarquera également que l’achat de fruits en circuits courts semble être un marqueur social, tout comme l’est la consommation de fruits frais en général ; il est en effet surreprésenté chez les cadres supérieurs, professions libérales, et les chefs d’entreprise. Il est également plus prisé chez les retraités (effet de génération ?).

L’achat de viande en circuits courts se fait plus qu’en moyenne chez les petits commerçants (bouchers, donc). Cet acte est surreprésenté dans les petites communes, ainsi que chez les ouvriers (population traditionnellement attachée à la viande). Ils sont également plus nombreux qu’en moyenne à se tourner vers la volaille et les œufs. A l’inverse, les produits transformés n’ont pas encore la cote dans ce type de circuits (moins de 2% des acheteurs en circuits courts y achètent du miel, des vins, des yaourts, des fruits transformés).

L’exigence des consommateurs : un appel clair à des produits plus « équitables »
Les consommateurs de circuits courts sont particulièrement en demandes d’informations sur l’origine géographique du produit (96%), son mode de production (93%), et le prix payé au producteur (84%), tous éléments qui sont au cœur des exigences de produits équitables.

De même, dans la perspective d’un circuit court « équitable », la moitié des consommateurs de circuits courts manifestent une réelle demande de sens par rapport au producteur et distributeur (...)

on voit bien que sur une moitié de la population fréquentant les circuits courts (soit environ 20% des consommateurs), l’achat en circuit court n’est pas orienté uniquement de par son caractère local, mais repose aussi sur une demande de sens, de valeurs. C’est ici que le commerce équitable peut jouer un rôle bien plus important que ce qu’il représente actuellement (...)

Comment concilier la multiplication des magasins de producteurs, des initiatives locales de producteurs exigeants, et la visibilité d’un commerce équitable nord-nord qui répond en grande partie à ces exigences et attentes des producteurs comme des consommateurs ? C’est sans doute le défi auquel la galaxie « équitable » aura à répondre dans les années à venir. Ce défi est d’autant plus capital que tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour aboutir à une réussite majeure.