
39 % des ouvriers déclarent subir des nuisances sonores sur leur lieu de travail contre 6,5 % des cadres supérieurs... Trois millions de salariés ont leur rythme de travail dicté par une machine.
(...) Entre les métiers les moins qualifiés et le haut de la hiérarchie, les conditions dans lesquelles s’exerce le travail n’ont pas grand chose à voir, comme le montrent les données de l’enquête sur les conditions de travail réalisée par le ministère de l’emploi. Deux types d’études sont disponibles. Une "enquête sur les conditions de travail", plus globale, elle réalisée tous les sept ans auprès de 20 000 personnes, et une "enquête de surveillance médicale des expositions aux risques professionnels" (dite Sumer) qui porte davantage sur les liens entre santé et conditions de travail. Toutes deux apportent des éclairages intéressants. (...)
Le travail à la chaîne ou sous contrainte du déplacement automatique d’une pièce ne diminue pas, au contraire. Entre 1984 et 2005, la part de salariés concernés est passée de 9,6 % à 14,0 %.
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A la pénibilité physique, s’ajoutent de plus en plus des contraintes de stress, liées à la rationalisation des tâches dans le secteur des services. Les cadences ne sont plus l’apanage de la chaîne ouvrière, les caissières ou les télé-opérateurs en savent quelque chose
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Depuis le milieu des années 1980, les conditions de travail se sont plutôt dégradées. (...)
Les résultats de l’enquête "Sumer" permettent de mieux comprendre ce qui se passe dans les années récentes. L’évolution des inégalités en matière de conditions de travail en France est contrastée depuis 2003. Les écarts restent considérables en matière de pénibilité physique. 10 % des cadres subissent au moins une contrainte physique forte, contre 70 % des ouvriers non-qualifiés. (...)
Les moins qualifiés ont moins de marge de manœuvre, mais ces marges se sont accrues pour les ouvriers et ont diminué pour toutes les autres catégories, notamment les employés et les cadres. Enfin, à quelques points d’écart près, toutes les catégories vivent peu ou prou les mêmes comportements méprisants, même s’ils sont moins fréquemment ressentis par les cadres. Dans ce domaine, toutes les catégories évoquent une dégradation.
Comment expliquer ces évolutions ? (...)