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Amnesty International
« Les défenseurs de l’environnement méritent une protection internationale »
Article mis en ligne le 18 novembre 2016
dernière modification le 13 novembre 2016

Professeur de droit, Teresa Ribera a été secrétaire d’État au changement climatique dans le gouvernement espagnol entre 2008 et 2011. Passionnée par l’engagement public et par la justice, défenseure infatigable de l’environnement, cette globe-trotteuse polyglotte dirige depuis deux ans l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), basé à Paris.

(...) Les défenseurs des droits de la terre et des populations locales sont souvent assassinés dans de nombreux pays. Ne faudrait-il pas envisager une forme de protection mondiale pour ces personnes ?

Tout à fait, et d’ailleurs la Cour pénale internationale vient d’élargir son action aux crimes contre l’environnement et de faire le lien entre ces derniers et les crimes contre l’humanité. Il faut maintenant définir leur nature exacte et pouvoir les qualifier comme des délits. La protection de l’environnement mérite une attention spéciale et des initiatives internationales. Il faut d’abord protéger les personnes vulnérables à la pollution des terres, de l’air et de l’eau. Mais on constate hélas aussi que les activistes de l’environnement, comme ceux des droits humains, comme les journalistes qui témoignent de leurs combats, risquent de perdre la vie un peu partout. Au-delà de la question de la distribution des richesses naturelles et de l’accès équitable à la terre pour tout le monde, je crois qu’il faut développer un code juridique pays par pays comme à l’international. Il faut accorder une protection internationale aux défenseurs de l’environnement, ils méritent une attention spéciale. Les sociétés sont déjà les garantes de leur défense, au nom de valeurs morales partagées. Ils méritent une attention spéciale.

Mais ce n’est pas toujours le cas, les défenseurs sont souvent isolés.

Oui et non. Les attaques contre l’environnement sont perçues par les gens comme des attaques directes que cela soit des situations spécifiques, cours d’eau pollués par les minéraux, déforestation, ou plus générales, comme la pollution de l’air à Pékin. Quand c’est plus éloigné, les gens se mobilisent moins, c’est plus difficile à comprendre, à imaginer que cela touchera nos proches. Le cas de la Chine est très intéressant à cet égard, car le gouvernement a compris que la contestation environnementale risque d’être la contestation majeure dans les années à venir. (...)

La lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas être une excuse pour diminuer la qualité de la démocratie. Si on change notre modèle de développement et de croissance, dans un processus d’apprentissage commun à la planète, il faudra beaucoup de solidarité, d’information et de participation pour ceux qui se sentiraient menacés. Mais le risque existe si nous ne raisonnons qu’en termes de gagnants et de perdants, si nous ne sommes pas capables de comprendre que la meilleure solution est de garantir cette solidarité, d’assurer cette protection des des droits humains qui a été si longue à obtenir. Mais cela, vous le savez bien.