
On vous l’a déjà dit, le travail, c’est mort. Il n’y en a plus pour tout le monde, surtout passé la cinquantaine. Christiane Cazard, 52 ans, est bien placée pour le savoir. Mais comme tous les gens d’à côté un tant soit peu débrouillards, et « pour ne pas péter un câble », elle s’est acharnée à imposer sa propre utilité sociale. (...)
Passer du travail à la fonction sociale
Bref, un “travail” à temps plein qui excède largement les trente-cinq heures hebdomadaires, qui lui vaut la reconnaissance émue de ses pairs, partout en France et jusqu’en Argentine, et même d’historiens reconnus… mais qui ne lui rapporte pas un sou ! Car tout ce que réalise Christiane l’est à titre bénévole. Fin 2013, Christiane la chômeuse suractive arrivera en fin de droits et passera au RSA.
Nous sommes-là dans le cas typique et désolant où une vraie fonction sociale n’est pas reconnue au titre de “vrai” travail, où la production de valeurs utilitaires indéniables n’induit pas une production de valeurs financières équivalente pour les intéressés. Aujourd’hui, de plus en plus de fonctions sociales échappent ainsi au cadre étriqué de l’emploi rémunéré.
Mais Christiane ne se préoccupe guère de ces considérations politiques. D’administrations en administrations, elle poursuit la quête inlassable de ces chers registres et se contente de vivre du mieux qu’elle peut, en harmonie avec ses congénères immédiats, humains ou animaux. (...)