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Radioparleur
« Les gens du voyage ont cessé de voyager »
Ceci n’est pas une parenthèse #2
Article mis en ligne le 4 mai 2020
dernière modification le 19 novembre 2023

L’événement est historique. Avec la pandémie, le système économique et nos modes de vie se figent. Déjà, certain·es poussent vers une reprise “comme avant”. Contre cette vision, des voix s’élèvent. Avec « Ceci n’est pas une parenthèse », Radio Parleur vous propose une série de podcasts pour entendre celles et ceux qui pensent aujourd’hui à un lendemain différent.

Dans ce second entretien de notre série podcast « Ceci n’est pas une parenthèse », le juriste et voyageur William Acker raconte le confinement de la communauté des « gens du voyage » en France. Dans les aires d’accueil des voyageurs, les robinets et les sanitaires se partagent. Les gestes barrières sont plus difficiles à appliquer dans un confinement en communauté fermée, au même titre que dans les prisons ou les Ehpad. Les dépistages et les distributions de masques ne s’effectuent que si « un drame arrive ». Ici, le confinement force l’arrêt total du travail, et accentue l’inquiétude de toutes et tous.

Selon William Acker, les « gens du voyage » « sont des semi-sédentaires en semi-liberté ». Cette situation résulte des lois Besson de 1990 et 2000 qui accentuent la sédentarisation. « Si prendre en compte les spécificités des gens du voyage, c’est mener une politique de sédentarisation, il y a une meilleure intégration culturelle à imaginer », relève-t-il. Cette politique, au détriment d’une réelle inclusion, gère « l’indésirable dans les aires d’accueil ».

Des solutions simples pourraient améliorer la vie dans les aires et autres terrains. Dans l’urgence de la pandémie, William Acker recommande : « Un minimum serait la fin des expulsions et la salubrité des aires d’accueil, avec un robinet, des toilettes et de l’eau potable. Il faut aussi ouvrir les aires de grands passages. Elles sont plus étendues et garantissent des distances sanitaires correctes. » Pour ces citoyen·nes, les droits fondamentaux ne sont pas acquis. « Les lieux mis à disposition sont encore insalubres. Les inégalités environnementales concernent les populations populaires et le système ne semble pas prêt de changer », constate le juriste.
« Les mairies pourraient annuler les charges locatives des emplacements »

Autre problème, la localisation des aires d’accueil. « Elles sont à 80% éloignées des habitations. Près de 60% d’entre elles sont à proximité de sites à pollution industrielle et environnementale élevée », comme des déchèteries ou des sites classés Seveso observe William Acker. Quand le seul endroit de promenade se trouve être l’usine de traitement des déchet, et pas le canal Saint-Martin, la vie n’est pas vraiment la même. » L’accès aux soins se complexifie quand le suivi n’est pas assuré régulièrement : problèmes cardiaques, maladies rénales, accidents cardio-vasculaire se développent plus dans les communautés des « gens du voyage ».