
Avant les années 2000, le zircon était une inconnue pour la majorité des Sénégalais. Mais dans la région de Thiès et en Casamance, ce minerai « dormait » dans le sable. Sa découverte a laissé poindre l’espoir de lendemains qui chantent pour l’État et pour les populations. Mais après quatre années d’exploitation, celles-ci continuent de recenser leurs misères et d’étaler la pauvreté dont elles espéraient sortir.
après 15 ans d’activités sur le site dont l’exploitation a commencé en 2014, le zircon fait plus pleurer que rire.
À Diogo, les populations ne cachent ni leur amertume ni leur désillusion. Premier adjoint au maire de la commune de Darou Khoudoss, Moda Samb exprime un sentiment négatif : « Il était prévu que le chômage des jeunes allait être un mauvais souvenir et que les conditions de vie des populations de Diogo, Fass Boye et environs soient améliorées. Hélas… Il était aussi annoncé la construction d’un hôpital, d’un stade multifonctionnel et de routes, en plus de l’électrification des villages environnants. Autant de promesses qui faisaient rêver les populations. Mais depuis le démarrage de ses activités, la société n’a pas versé la moindre redevance à cette vaste commune de Diogo. Nous n’avons pas encore de centre de santé. Le seul qui existe dans la zone est à Tivaouane. Nous avions demandé qu’il en soit construit un, entre Taïba Ndiaye, Darou Khoudoss et Mboro, précisément dans la zone de Diogo et Fass Boye », a-t-il dit. Mieux encore, les populations qui vivaient de l’agriculture sont contraintes à l’exode rural vers Thiès, Tivaoune, Diamniadio, Dakar ou Louga. (...)
Les emplois créés, eux, restent maigres, s’insurgent certains habitants de Diogo. Président de la commission chargé de ce secteur au niveau de la commune de Darou Khoudoss, Ibra Fall évoque des acquis minimes. (...)
« GCO a fait moins que ce qu’on attendait d’elle sur les terres prises aux populations. Elle avait promis de réhabiliter et de réaménager les terres après l’exploitation du zircon. Mais quand on se rend aujourd’hui sur le site où se trouvaient certains champs, on est attristé par l’état des lieux. Même, les arbres qui y ont été plantés peinent à croître à cause de l’état des sols. C’est donc tout le contraire de ce que GCO nous avait promis », s’indigne M. Ba.
Aucune réalisation provenant des retombées de l’exploitation de ces richesses minérales n’est sortie de terre (...)
Quant à l’accès au site d’exploitation proprement dit, il demeure quasiment impossible. Le respect d’un certain nombre de mesures de sécurité liées au travail fait que seuls les privilégiés ou certains personnels bien équipés peuvent y accéder, ont confié des responsables de GCO, lors d’une visite de site à Diogo. (...)
« L’eau a commencé à se raréfier depuis que GCO mène ses activités »
L’accès à l’emploi n’est pas la seule cause de griefs. Les récriminations des populations montent aussi à propos des conséquences environnementales que cause l’exploitation du zircon. Ces effets, Alioune Ndiaye dit les vivre. Maraicher de son état, il s’en désole : « L’eau a commencé à se raréfier depuis que GCO mène ses activités. Nous sommes désormais obligés de creuser des puits de plus de 18 m de profondeur pour avoir de l’eau pour l’arrosage. » (...)