
Selon un rapport, les 1 % les plus riches ont profité deux fois plus de la croissance des revenus que les 50 % les plus pauvres. Et entre les deux les revenus ont stagné ou baissé.
La tendance est indiscutable : depuis une quarantaine d’années, les inégalités augmentent dans presque tous les pays du monde. C’est ce que montre le premier rapport, publié jeudi 14 décembre, des chercheurs réunis au sein du projet World Wealth and Income Database (WID, base de données sur le patrimoine et le revenu), parmi lesquels l’économiste Thomas Piketty. (...)
Les 1 % des plus hauts revenus dans le monde ont capté 27 % de la croissance
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Un « horizon d’inégalité »
Dans le détail, si l’on découpe la population mondiale en zones géographiques et non plus en tranches de revenus, on constate que la part qui correspond aux revenus les plus élevés est en hausse dans la quasi-totalité des pays, sur les dernières décennies.
Dans certains pays, cet indicateur des inégalités s’est même envolé : entre 1990 et 2016 (années pour lesquelles on a l’ensemble des données), la part du revenu national que les 10 % les plus riches s’octroient a bondi de 21 points en Russie (malgré une chute en 2008 à cause de la baisse des prix du pétrole) et de 22 points en Inde.
Les inégalités augmentent partout sauf au Moyen-Orient et au Brésil, où elles sont déjà très fortes (...)
Comparativement, l’Europe tire son épingle du jeu, et voit la part des 10 % les plus riches passer de 34 % à 37 % des richesses du Vieux Continent, un creusement modéré des inégalités par comparaison avec la situation dans les autres zones. (...)
les politiques salariales et éducatives européennes, plus favorables aux classes moyennes, expliquent une moindre augmentation des inégalités. Autre explication, pour certains pays européens, comme la France et le Royaume-Uni : les prix élevés de l’immobilier, qui ont accru le patrimoine de la classe moyenne et atténué l’éloignement entre les plus riches et les plus pauvres. (...)
Le poids des privatisations
Pour expliquer, d’un point de vue général, ces inégalités et leur évolution, les chercheurs pointent un facteur déterminant : la privatisation des capitaux. A la suite de la transition du communisme vers le capitalisme, la Chine et la Russie ont vu leurs patrimoines privés respectivement quadrupler et tripler, ce qui a mécaniquement accru les inégalités de revenus et de richesses. Ces deux pays ont vu la part des 1 % doubler dans les vingt dernières années. (...)
Les économistes prévoient qu’avec une poursuite de cette tendance la part de patrimoine des 0,1 % les plus riches de la planète (dans un monde représenté par la Chine, l’Union européenne et les Etats-Unis) rejoindra celle de la classe moyenne mondiale en 2050.
Patrimoine : les inégalités rebondissent depuis quarante ans (...)