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Les jeunes Amérindiens de Guyane victimes d’une « épidémie de suicides »
Article mis en ligne le 30 novembre 2016

Le Sénat organise un colloque ce mercredi 30 novembre sur les suicides des jeunes Amérindiens en Guyane. « On a l’impression que notre jeunesse part en fumée », disent les représentants de cette communauté.

Le drame est méconnu de ce côté de l’Atlantique. Pourtant, en Guyane française, une « épidémie de suicides » a lieu depuis le début des années 2000 chez les communautés amérindiennes, où le taux de suicide est 10 à 20 fois plus élevé que celui de l’Hexagone.

C’est pour tenter de comprendre cette situation inquiétante qu’en mai 2015 le Premier ministre, Manuel Valls, a confié à la sénatrice Aline Archimbaud (groupe écologiste) et à la députée Marie-Anne Chapdelaine (PS) une mission parlementaire de six mois. Un an jour pour jour après la remise de leur rapport, qui comprend 37 propositions, un colloque se tient ce mercredi 30 novembre au Sénat, en présence de nombreux acteurs et représentants des populations amérindiennes, pour faire le point sur la question.

Des populations qui ne demandent qu’à être entendues et qui espèrent, grâce à ce colloque, sensibiliser à leur situation en Guyane. (...)

« C’est une situation de génocide, on a l’impression que notre jeunesse part en fumée »

Il faut dire que la situation est aussi dramatique qu’elle est inconnue du grand public. « C’est une situation de génocide, on a l’impression que notre jeunesse part en fumée. C’est pour cela qu’il faut que la France, pays des droits de l’Homme, soit responsable et se penche sur la question de la Guyane et de l’outre-mer en général, car ces suicides concernent tous les peuples autochtones, comme en Nouvelle-Calédonie par exemple, où les gens se suicident en masse », continue le président.

Comment expliquer cette violence que s’inflige la jeunesse des populations amérindiennes ? Si le rapport précise que les causes sont « multifactorielles », Aline Archimbaud insiste tout particulièrement sur le choc découlant de la découverte du monde dit « moderne » : « Des populations vivent dans des villages assez loin de la côte et de la ville, qui sont oubliés. Les jeunes se retrouvent déchirés entre deux identités : celle de leur famille, de leur village, où ils vivent jusqu’à 11 ans et auxquels ils sont très attachés et celle découlant de la découverte brutale du monde moderne, qui par certains aspects les séduit [les téléphones portables, etc.]. » (...)

Le problème, c’est que l’intégration à ce « nouveau monde » est très difficile. « Les jeunes Amérindiens ne sont pas forcément bien traités en ville, on les méprise. De plus, ils ont de grandes difficultés scolaires, car ils ne parlent pas la même langue. En définitive, ils ont beaucoup de mal à se projeter dans l’avenir », résume la sénatrice, pour qui cette crise identitaire joue énormément dans cette vague de suicides.

Mais le rapport met aussi en avant le non-respect de droits élémentaires tels que l’accès à l’eau potable, à l’électricité. (...)

Pour le président du Conseil consultatif des populations amérindiennes, ces dernières ne pourront pas s’en sortir tant qu’elles ne seront pas autonomes financièrement. Problème, selon lui, l’argent envoyé par l’Union européenne n’a aucun impact sur leur quotidien, car la quasi-totalité est transformée en fonds spéculatifs. (...)