
L’Agence nationale de sécurité sanitaire a actualisé son expertise nutritionnelle, insistant par exemple sur la réduction de la consommation de viande rouge. Alors que ce rapport est au fondement du programme national nutrition santé, des ONG environnementales restent sur leur faim. Elles regrettent notamment que l’Agence ne tienne pas compte du mode de production des aliments et de leur degré de transformation.
(...) Au-delà de nos goûts, de nos moyens et du temps que nous voulons bien lui consacrer quotidiennement, notre alimentation intéresse aussi les pouvoirs publics. Car elle est un excellent moyen de prévenir les « maladies chroniques non transmissibles », en pleine expansion : le diabète, les maladies cardiovasculaires, ou les cancers.
Voilà pourquoi nous connaissons désormais certains slogans aussi bien que le générique de notre dessin animé préféré : « Mangez cinq fruits et légumes par jour » ; « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé ». C’est le résultat d’un patient travail du ministère de la Santé, qui a lancé en 2001 le PNNS — programme national nutrition santé. Ingrédient essentiel de la prévention en matière d’alimentation, il devrait subir dans les mois qui viennent un important changement de régime.
Pour délivrer ses conseils, le programme s’appuie sur l’expertise de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), qui a rendu fin janvier un nouvel avis sur « l’actualisation des repères de consommations alimentaires de la population française ». Ce rapport scientifique, lourd d’une centaine de pages et de la participation de dizaines de scientifiques, devrait servir de fondement pour formuler de nouvelles recommandations. (...)
L’addition de portions d’aliments et de nutriments pour constituer le régime idéal reste la règle pour beaucoup de nutritionnistes. Et l’orthodoxie nutritionnelle tarde à prendre en compte le mode de production des aliments (toutes les pommes sont-elles identiques ?), ne se demande pas si manger devant la télé ou à table, avec d’autres personnes, change la donne, ne prend pas en compte le volet culturel et psychologique de l’alimentation, ou ne se pose pas la question de l’impact environnemental de notre assiette.
« Le concept d’alimentation durable est pourtant défini par la FAO [Food and Agriculture Organization, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture] depuis 2010 », note le chercheur. « Les régimes alimentaires durables sont des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures », indique l’institution onusienne.
Sept organisations environnementales [1] qui surveillaient la publication du rapport de l’Anses en tirent donc un bilan « mitigé ». Elles notent simplement quelques conclusions allant dans leur sens. (...)
L’Anses opère donc une avancée timide sur un enjeu majeur : la réduction des protéines animales au profit des protéines végétales. (...)
Autre évolution qui ouvre de nouveaux espoirs : l’agence s’est pour la première fois intéressée à la présence de contaminants dans notre alimentation. (...)
alors que 80 % de notre alimentation est faite d’aliments transformés, voire ultratransformés, le rapport de l’Anses n’en fait pas mention. Vaut-il mieux une barre de céréales additionnée en vitamines, ou aller chercher l’équivalent en énergie et nutriments avec des fruits et des féculents bruts ? Premier pays au monde à faire cela, le Brésil a fondé ses recommandations nutritionnelles sur le classement des aliments en « naturels ou très peu transformés », « transformés », « très transformés ». (...)
Au-delà, le guide nutritionnel brésilien mentionne, parmi les principes, que « s’alimenter n’est pas qu’absorber des nutriments » et mentionne l’alimentation durable. Partant des aliments non transformés, le chapitre suivant recommande les repas fraîchement cuisinés et propose des associations d’aliments à partir de l’observation de Brésiliennes ayant plus de 80 % d’aliments non transformés dans leur régime. La dernière partie invite à manger à des horaires réguliers et en bonne compagnie. (...)