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Les opposants de Notre Dame des Landes interpellent l’Etat : « Le climat ou l’avion, il faut choisir »
Article mis en ligne le 13 juillet 2015

Le rassemblement estival des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a attiré près de 15 000 personnes ce week-end. Une mobilisation qui a redonné de l’énergie à la lutte, et un rassemblement axé sur la réflexion. Les débats ont montré que la lutte contre le changement climatique est inconciliable avec la création de nouveaux aéroports.

 Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

La Gare. Le nom du lieu-dit qui accueille la quinzième édition du rendez-vous d’été des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les 11 et 12 juillet 2015, s’accorde avec la lutte. À notre arrivée, on montre patte blanche : «  Vous n’avez pas une tête de journalistes, vous  », lâche, rigolard, le bénévole chargé de surveiller le parking. Des jours déjà qu’ils sont des centaines, comme lui, à trimer pour monter les chapiteaux, installer les barrières, les points d’eau, tout vérifier, dans les champs, en plein bocage. Près de 15 000 personnes (environ 7 000 comptées pour chaque journée ont fait le déplacement, cette année, selon la coordination. Avec les années, l’organisation s’est peaufinée, impressionnante.

Et pourtant, toujours ces petits imprévus qui font l’atmosphère si particulière du rassemblement. Un mélange drôle d’invités surprises (les organisateurs n’étaient pas au courant), de gens tranquillement assis ou en pleine sieste au milieu des chemins, d’annonces pour des enfants égarés (signe distinctif, précise le message des hauts-parleurs : «  avec une massue à la main  »), puis retrouvés (applaudissements nourris). (...)

Alors que dans le même temps, à Bruxelles, des hommes en noir réfléchissent à la manière de réduire l’État grec en cendres, ici, on se cherche plutôt à construire. Dans le chapiteau 1, Gianni Tognioni, secrétaire général du Tribunal permanent des peuples (TPP), est venu parler de l’instruction du dossier déposé en mars dernier par les opposants à plusieurs «  grands projets inutiles et imposés  » européens, dont Notre-Dame-des-Landes : «  C’est la première fois que des peuples européens saisissent le TPP.  » (...)

Le dimanche, on parle des Grecs, justement. Intitulé : «  Luttons ensemble avec les Grecs contre l’euro-libéralisme destructeur des peuples.  » Entre les deux, l’atelier citoyen chargé de fournir une contre-expertise aux études officielles se fait une belle place au soleil, avec quatre conférences. Aussi, beaucoup de choses sur l’écologie, l’énergie, les transports, l’agriculture, la COP21, etc. «  Notre-Dame-des-Landes, c’est non à l’aéroport, oui, mais c’est bien plus que ça   », résume Geneviève Coiffard-Grosdoy, de l’association Attac, samedi midi.
Décision judiciaire dans les prochains jours

En toile de fond, cette année, la prochaine échéance judiciaire, cruciale, du 17 juillet. Au menu des discussions également, les dernières déclarations du préfet de la Loire-Atlantique insinuant que la promesse présidentielle de ne pas procéder aux expulsions avant l’épuisement des procédures judiciaires pourraient ne pas concerner les appels et les recours devant le Conseil d’État. Tous espèrent cependant pouvoir fêter la victoire en 2016. (...)

Les occupants des Zad de France et de Navarre ont aussi fait le déplacement, avec force brochures et affiches. Une action de blocage d’une usine d’armement de la police à Pont-de-Buis (Finistère), le 25 octobre, est annoncée.

Les uniformes ne sont pas présents que dans les esprits. À la sortie du rassemblement, un barrage, «  sur réquisition du procureur  », selon les – nombreux – gendarmes déployés. Tous les véhicules sont arrêtés. Papiers, contrôle d’alcoolémie. Fusil mitrailleur, motos, voiture rapide prête à bondir. Retour au monde «  normal  ».
Climat ou avions, il faut choisir

Le point d’orgue du week-end a été le meeting du dimanche matin. Intitulé "une lutte symbolique au coeur du questionnement sur les enjeux climatiques", il s’agissait de lier la question du trafic aérien et celle du changement climatique. (...)

C’était aux politiques de réagir. Pour Christine Poupin, le coeur des questions disutées est que "ce système est fondé sur l’appropriation privée de choses qui sont en fait communes". Yannick Jadot a rappelé que "le climat va devenir un problème majeur pour l’agriculture et pour l’alimentation. La seule solution est l’agriculture paysanne et la relocalisation". Quant à Martine Billard, elle juge que "pour lutter contre le changement climatique, il faut une remise en cause totale du système". Une tâche immense ? "Podemos ! Oui, nous pouvons", a-t-elle conclu. Des mots qui sont au coeur de tous les opposants réunis ce week-end.