
64 % des pauvres vivent dans les grandes villes. Les plus démunis résident dans les communes les plus peuplées, là aussi où habitent les plus riches, et où les inégalités de revenus sont les plus grandes.
Nous avions montré (lire Territoires : où vivent les pauvres ?) à partir des données de l’Insee que 57 % des pauvres vivaient dans des communes de plus de 50 000 habitants et 21 % dans des communes rurales. Une partie de ces communes sont des territoires périurbains, parfois très proches des grandes villes. Par ailleurs, une étude publiée fin 2014 (lire Les plus pauvres vivent d’abord dans les villes-centres) indiquait que les revenus des 10 % les plus pauvres étaient plus de deux fois moins élevés dans les villes-centres que dans leur couronne périurbaine (4 400 contre 9 900 euros par an pour une personne).
Ces nouvelles données offrent un nouveau découpage géographique du territoire qui permet de lire encore plus finement la situation sociale du pays. Les communes ne sont plus seulement réparties en fonction de leur taille ou de leur statut rural/urbain, comme c’était le cas auparavant, mais entre des aires urbaines composées de pôles et de couronnes périurbaines (en fonction de leur taille), ainsi que des communes rurales isolées (voir les définitions). Cette distinction est importante : le rural périurbain n’a pas grand chose à voir avec le rural isolé.
L’importance de la pauvreté urbaine permet de situer les difficultés là où elles sont le plus présentes. La pauvreté rurale des plus âgés existe, mais en quantité reste minime comparée à celle des jeunes qui vivent au bord des périphériques des grandes villes. La question est désormais d’aller plus loin. D’une part, en complétant ces éléments par d’autres, comme le chômage, la précarité ou les catégories sociales, ce qui permet de multiplier les éclairages. (...)
L’essentiel se joue au sein des grandes villes du fait de la densité de population. D’ici la fin de l’année, l’Insee devrait publier des données sur les niveaux de vie (après impôts et prestations sociales) quartier par quartier : l’analyse des territoires devrait alors faire un bond en avant.