
...Chargés de cours, chercheurs, mais aussi personnels administratifs, d’entretien et de logistique, ils sont les petites mains qui font marcher le monde kafkaïen de l’université française. Une réalité longtemps passée sous silence car elle arrangeait les dernières heures d’un système de recherche et d’enseignement universitaire moribond, bientôt transformé par la loi relatives aux Libertés et responsabilités des universités (LRU)...
...Las des vaines promesses de recensement et de reconnaissance de la Ministre de l’ESRP Valérie Pécresse, l’intersyndicale des personnels de l’université se lance dans une enquête encore inédite fin 2009. Après cinq mois de questionnaires, alimentés par près de 4500 participants, tombe un pavé de 100 pages qui détaille des conditions de travail aussi inacceptables que méconnues...
...Évidement entre précaires, la concurrence est sans concessions, tout est permis : népotisme, plagiat, harcèlement, menaces et délations de collègues poussés vers « la débrouille à tout prix ». Celui qui ne trouve pas de poste pour un an prend le stigmate du mauvais, et réduit encore ses chances de reprendre pied. Alors ils échouent dans les cours de « seconde zone » que leurs collègues titulaires dédaignent. « Nous sommes des variables d’ajustement, obligés de faire des cours sexy et démagogiques, obligés de noter grassement, pour que le cour ne soit pas déserté par les étudiant et supprimé par l’UFR (Unité de formation et de recherche) »....
...Il y a surtout la peur, contagieuse, qui brise toute velléité de solidarité : celle de ne pas être renouvelé, voire de ne pas être payé....
... Pour éviter de multiplier les statuts précaires, il faudrait des créations de postes. Or le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux empêche toute évolution. En attendant, une seule solution : les heures sup’ et les vacations....
... les enseignants-chercheurs précaires sont “trop divisés pour se mobiliser efficacement“, et restent les âmes en peine des couloirs de l’université. ...