
Jeudi dernier, le gouvernement a examiné le premier jet d’un projet de loi qui invente le concept de droits intellectuels autochtones, taillé sur mesure pour défendre et valoriser les savoirs coutumiers kanak. Lorsque cette loi du pays aura abouti, la Nouvelle-Calédonie sera à l’avant-garde de la protection des savoirs traditionnels.
Ce qui se trame ici n’a quasiment pas d’équivalent dans le monde ; seule l’Amérique latine, et notamment le Pérou, a tenté l’expérience. Il s’agit de tailler sur mesure un système juridique protégeant les savoirs kanak, dans le respect de l’esprit et des valeurs de la coutume. Des savoirs, artistiques, culturels et biologiques, qui se transmettent oralement de génération en génération et que d’autres s’approprient pour en tirer seuls les bénéfices....
...l’idée est de créer une Haute autorité indépendante calédonienne auprès de laquelle les clans pourront enregistrer leurs savoirs sur un fichier de la propriété intellectuelle traditionnelle (lire en repères). Lorsqu’une demande de brevet extérieur sera déposée, par exemple, sur une plante pour ses vertus thérapeutiques, la Haute autorité pourra comparer avec le fichier du patrimoine kanak et refuser si le savoir appartient déjà à un clan.Car, il ne faut pas se leurrer, « les chercheurs ne se hasardent guère à chercher une application sur telle ou telle plante, sans avoir déjà pris connaissance auprès de la population de ses vertus », fait remarquer Régis Lafargue. La future loi du pays aura pour but de rétablir l’équité....