(...) Il y a quelques années, la mode était à la pauvreté « périphérique », hébergée soi-disant par la France périurbaine, des petites villes et du milieu rural. L’Insee a mis fin à ces spéculations en publiant les données du nombre de pauvres par territoire. Encore ne faudrait-il pas tomber dans l’excès inverse : pour beaucoup, la pauvreté se concentre dans les quartiers dits « prioritaires » situés en banlieue des grandes villes, victimes d’un « apartheid urbain ». Une façon de réduire les politiques pour pauvres à des politiques territoriales sur un périmètre limité... et avec des budgets limités. Le raisonnement est identique pour les difficultés scolaires et la baisse de la taille des classes. Ce faisant, on oublie alors l’immense majorité des pauvres (ou des élèves en difficulté) qu’ils vivent en ville, dans le périurbain ou en milieu rural.
À l’heure de la mode du « big data » [2] et du « fact-checking » [3], notre pays a du mal avec les données de base qui pourtant ont du sens dans le débat public. Si l’on veut mettre en place des politiques qui répondent aux besoins, il y a urgence à mieux comprendre le territoire et faire la part des choses. Surtout, la réponse à apporter dans ce domaine aux jeunes, aux familles (monoparentales en particulier) ou aux personnes âgées diffère bien davantage par leurs caractéristiques démographiques que leur lieu de vie. (...)