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Les zones d’ombres de la rétention au Canet
Article mis en ligne le 16 août 2012

Le centre de rétention administrative (CRA) du Canet à Marseille n’en finit pas de faire parler de lui. Alors que l’affaire Asfour a provoqué l’indignation du milieu associatif qui s’est rassemblé mardi dernier, ce tragique événement révèle des conditions de rétention très particulières.

(...) Treize jours après sa greffe du foie. Fatima Asfour est toujours à l’hôpital, avec un corps médical qui s’inquiète pour l’etat de ses reins . Elle avait été hospitalisée en urgence le 31 juillet après avoir ingurgité des médicaments. Une hospitalisation intervenue alors que cette ressortissante marocaine était placée en isolement médical au centre de rétention administrative (CRA) du Canet à Marseille, victime d’une crise de panique face à son expulsion imminente du territoire français.

Une affaire jugée assez préoccupante pour que le contrôleur général des lieux de privation des libertés (CGLPL), qui a pour mission de s’assurer du respect des droits fondamentaux des personnes retenues, se saisisse de l’affaire (à la demande de l’association Forum réfugiés qui intervient au CRA pour porter une assistance juridique aux retenus).

Aude Muscatelli, secrétaire générale du CGLPL le confirme : "On a saisi les autorités compétentes, le médecin-chef et le directeur du centre de rétention administratif du Canet pour comprendre ce qui s’est passé. On attend surtout les résultats de l’enquête menée par l’Inspection générale de la police nationale".

Un cas qui vient se rajouter à celui d’un autre retenu rapporté par un collectif d’associations, de syndicats et de partis de gauche. (...)

Au-delà des violences avérées ou supposées, ce qui arrive à Mme Asfour jette une lumière crue sur les conditions de rétention des étrangers en situation irrégulière à Marseille. Aude Muscatelli reste prudente : " Il faut être attentif à ne pas tout mélanger, le cas de Mme Asfour n’est pas représentatif de ce qui se passe dans les centres de rétention français". Cette affaire témoigne-t-elle d’un problème propre au CRA de Marseille où ont transité 1587 personnes en 2011 et 2355 en 2010 ? La réponse fuse, immédiate : "Nous ne menons pas d’enquête comparative."

Il existe pourtant bien des particularités locales. Le Canet est le seul lieu où se pratique l’isolement pour raisons "médicales".
(...)

La prise en compte de la détresse psychologique des retenus est la grande absente. Motif : un budget restreint. En témoigne en 2010 la réponse du ministère de l’Intérieur de l’époque (tenu par Claude Guéant) au rapport de visite de Jean-Marie Delarue : "D’une manière générale un ou des médecins sont présents au quotidien dans les CRA.(...)Cette équipe ne comprend pas de psychologue il est vrai.(...)En 2010 le coût global du dispositif sanitaire s’élève à 5 187 002 euros. (...)Il est donc inenvisageable de prévoir de nouvelles conventions entre l’Etat et les services hospitaliers qui prendraient en compte le coût de l’affectation de personnel supplémentaire, en l’espèce d’un psychologue ." Une réponse légère quand le CGLPL estime que la mise à l’isolement et les carences du suivi médical "peuvent être à l’origine de tentatives de suicides".

Au-delà du suivi psychologique, la règle élémentaire du secret médical n’est pas non plus garantie au CRA du Canet.