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"Lettre à une enseignante" Philippe Meirieu
/Philippe Meirieu, chercheur et militant en pédagogie
Article mis en ligne le 21 août 2022
dernière modification le 20 août 2022

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Philippe Meirieu : Lettre à un jeune professeur

"On assiste à une véritable changement identitaire : un changement qui concerne la conception même du métier de professeur... Cher collègue, je crois qu’il est absolument essentiel que vous assumiez, dans ce moment particulier, une fonction de résistance". C’est à nouveau à résister que Philippe Meirieu appelle dans cette nouvelle "Lettre à un jeune professeur" (ESF Sciences humaines). Résister contre quoi ? Contre la prolétarisation du métier soumis de plus en plus à des injonctions et des contrôles. Contre la toute puissance des neuroscientifiques qui veulent dicter la pédagogie comme si la salle de classe était un laboratoire. Mais surtout Philippe Meirieu appelle à "résister pour". Pour la part profonde d’humanité qui est dans la transmission du savoir, pour ce pari sur l’avenir que font existentiellement les enseignants. Et pour cela, Philippe Meirieu aborde des questions de métier : discipline et disciplines, rapport aux élèves et aux savoirs, efficacité, relations avec l’institution. Alors que règne une ambiance particulièrement morose en ce moment dans les écoles et établissements, ce petit livre est surtout un acte d’espoir. Mais laissons Philippe Meirieu s’en expliquer... (...)

beaucoup des jeunes enseignantes et enseignants me disaient vivre, en entrant, dans les classes, une grande déception : ils avaient choisi ce métier avec l’envie de transmettre une passion, de faire partager la joie des découvertes qui les avait eux-mêmes marqués ; ils voulaient accompagner des enfants et des adolescents sur le chemin de la culture… Et voilà qu’ils se trouvaient en face d’exigences qui n’avaient rien à voir avec cela : exigences institutionnelles (les évaluations qui se multipliaient), exigences administratives (la multiplication de la paperasse et des contrôles a priori) et exigences liées à la difficulté des situations sociales auxquelles ils étaient confrontés : ils s’épuisaient à « faire de la discipline » et à « gérer des conflits » : ils n’avaient plus ni le temps ni l’énergie pour préparer des cours intéressants, imaginer des situations pédagogiques nouvelles, etc.

Bien sûr, cette réalité-là n’avait pas échappé à certains « anti-pédagogues » qui en rendaient responsables ceux qui, comme moi et beaucoup d’autres, rappelaient qu’il ne suffit pas d’enseigner pour que les élèves apprennent. (...)