
La mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) a exprimé lundi sa "préoccupation" face à la détention arbitraire massive de migrants, dont des femmes enceintes et des enfants. Des milliers d’exilés ont été interpellés ces dernières semaines dans la rue ou à leur domicile, et envoyés en centre de détention. (...)
Depuis des semaines, le gouvernement de l’est de la Libye - dirigé par le général Khalifa Haftar - et celui de l’ouest - dirigé par Abdel Hamid Dbeibah et reconnu par la communauté internationale - mènent des opérations visant des réseaux de trafiquants, notamment d’êtres humains. Les autorités ont interpellé "des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants dans les rues et à leur domicile ou à la suite de rafles dans des soi-disant camps et caches de trafiquants", signale la Manul.
Des femmes enceintes et des enfants placés en détention
Après leur arrestation, beaucoup de ces migrants, dont des enfants et des femmes enceintes, sont envoyés dans les centres de détention du pays, tristement célèbres pour leurs conditions de vie catastrophiques. Les exilés y sont victimes de violences, d’extorsion, de racket, d’esclavage ou encore de travail forcé. (...)
"Des milliers d’autres, y compris des migrants entrés légalement en Libye, ont été collectivement expulsés sans contrôle ni procédure régulière", déplore encore l’ONU.
À cette campagne d’arrestations et d’expulsions collectives, la Manul a observé une "montée inquiétante des discours de haine et racistes contre les étrangers en ligne et dans les médias". (...)
Les autorités rivales de l’ouest et l’est effectuent fréquemment des descentes dans des quartiers où se concentrent des migrants comme en banlieue de la capitale Tripoli (ouest) et Tobrouk (est), à 120 kilomètres de la frontière égyptienne.
Début juin, près de 6 000 exilés détenus dans des entrepôts de trafiquants d’êtres humains ont été libérés par les autorités de l’est libyen, puis entassés dans un hangar à la frontière égyptienne. Ils ont été parqués dans cette autre forme de prison aux conditions "difficiles et inhumaines", d’après l’association Al-Abreen.
À l’ouest, les forces d’Abdel Hamid Dbeibah ont lancé des frappes aériennes fin mai contre des "caches de bandes de trafiquants de carburants, de stupéfiants et d’êtres humains dans la région littoral occidental" aux alentours de la ville de Zaouïa, selon le ministère de la Défense. La ville est connue pour être un lieu de départ des embarcations d’exilés en route vers les côtes européennes.
Plus de 600 000 migrants en Libye (...)