
Samedi 15 mai, Le Figaro, délaissant passagèrement ses vitupérations contre la « cancel culture » et « la nouvelle censure de l’extrême gauche racialiste » pour se précipiter (encore une fois) au secours de Gérald Darmanin, qui venait d’interdire une manifestation de soutien aux Palestinien·nes, a publié une tribune expliquant – c’était le titre de cette contribution : « Derrière le soutien de l’extrême gauche au peuple palestinien se cache un antisémitisme latent. » De telles accusations ne sont pas nouvelles : il y a fort longtemps que la dénonciation de la politique coloniale et raciste du gouvernement israélien est ainsi présentée par la « gauche » (à guillemets) et la droite comme un « nouvel antisémitisme ».
Mais en lisant ce titre du Figaro, où il était donc question de ce que « cache », selon ce journal, « le soutien de l’extrême gauche au peuple palestinien », d’autres questions me sont venues à l’esprit.
Comme celle-ci, par exemple. Lorsque Le Figaro publie en février 2018, après que la ministre de la Culture de l’époque a renoncé à commémorer la naissance du directeur politique de L’Action française, un article dans lequel son chroniqueur Éric Zemmour (1) écrit que Charles Maurras, chantre de « l’antisémitisme d’État » et contempteur fanatique des « métèques », n’était « pas raciste » : qu’est-ce que ça cache (2) ?
Ou celle-ci : lorsque ce même Figaro publie, le 19 avril 2018, dans le cadre d’une double page consacrée à « Maurras le maudit (3) », un article consacré à « l’œuvre abondante, variée, parfois (4) discutable » du même Maurras, dont l’auteur réussit l’exploit de ne pas mentionner une seule fois l’antisémitisme rabique de l’inventeur du « nationalisme intégral », qu’est-ce que ça cache ?
Ou encore, celle-là (...)