
Le capitalisme est à bout de souffle, la démocratie est bafouée, les êtres humains et les écosystèmes sont détruits sur l’autel de la croissance, de la consommation de masse et de l’accumulation des richesses par une minorité de la population mondiale. Des espaces naturels et des milieux de vie pour les humains, animaux et végétaux - sont de plus en plus menacés par des projets de privatisation en tout genre.
Des brèches dans le vieux monde...
Une minorité d’acteurs politiques et économiques en sont responsables. Aveuglés par l’idéologie d’une croissance sans limites sur une planète aux ressources pourtant limitées, ils imposent leur vision du monde et tiennent peu compte des impacts écologiques et sociaux de ces projets. Ils bafouent souvent au passage ce qu’il reste de démocratie représentative, dont le fonctionnement est remis en cause par une part de plus en plus importante de la population. Partout sur la planète, le système dominant se fissure sous différentes formes et à différents niveaux. Les soulèvements populaires et les mouvements sociaux qui refusent ses diktats se multiplient ces dernières années avec plus ou moins d’impact. Des brèches sont ouvertes et permettent de penser différemment nos existences à travers des luttes locales concrètes, tout en s’inscrivant dans une résistance globale.
Parmi tous ces mouvements, on observe un regain de mobilisation autour des luttes dites « écologistes ». La COP21 devait servir de moment clé de rencontres et de cristallisation pour celles et ceux engagés pour la justice sociale et climatique. Au-delà de la réussite des mobilisations autour de cette COP21, quelques questions stratégiques interrogent l’impact et le succès de nos mouvements.
Tous à la COP21 ou tous à la ZAD ?
Face aux urgences sociales et climatiques, quelle est la priorité ? Rassembler les énergies militantes de quelques dizaines de milliers de personnes à l’occasion d’une messe politique comme les COP (dont on sait que l’agenda est fixé à l’avance par les élites économiques et politiques) ou au contraire encourager et disperser ces énergies dans des luttes locales pour freiner, voire bloquer, les avancées du capitalisme, le vieux monde qui va avec, et construire localement “d’autres mondes” ?
Car on constate un certain succès des nombreuses mobilisations ces 15 dernières années, dont celles qui se sont construites pour combattre des grands projets productivistes d’aménagement divers, signe d’un temps révolu. (...)
Si les mobilisations autour de grandes dates comme la COP21 ou contre des accords comme le TTIP sont l’occasion d’avoir des convergences thématiques temporaires de différents mouvements, les mobilisations sur des territoires contre des grands projets nuisibles et imposés cristallisent physiquement les convergences. Elles nous obligent à nous rencontrer dans la diversité de nos existences face à des adversaires prêts à tout.
Les différents territoires, espaces d’expansion du capitalisme
Le développement du système-monde capitaliste passe par la conquête de territoires. La Chine qui intègre le droit à la propriété privée dans sa constitution est un territoire conquis, une baie privatisée pour la construction d’un port est un territoire conquis, un supermarché qui remplace une dizaine de petits commerces est un territoire conquis, la terrasse d’une chaîne de fast food remplaçant un banc public ou une friche détruite pour y construire un méga-complexe sportif sont des territoires conquis.
Articulé à la notion de territoire, celle des infrastructures est donc importante pour comprendre le développement du système-monde actuel. (...)
Se battre pour la nature” ou “être la nature qui se défend” ?
Ce slogan est celui qui a été utilisé pour les “Climate Games” lors de la COP21 à Paris. Ces deux notions s’articulent dans les luttes de territoires et sont les facettes d’une même conception radicale et systémique de la lutte. (...)