
20 novembre : Une délégation se rend (...) à l’Elysée pour remettre les témoignages sur les MIE publiés sur Médiapart établissant la maltraitance dont sont l’objet les mineurs isolés étrangers de la part des Conseils départementaux et de l’état.
Dans le droit fil du Serment du CentQuatre prononcé le 25 octobre par les représentants de neuf médias[1] et du manifeste des États généraux des migrations[2], nous allons remettre au président de la République des témoignages sur les conditions indignes dans lesquelles sont « accueillis » —et trop souvent exclus- des centaines d’enfants au prétexte qu’ils sont étrangers.
Attendant des semaines, voire des mois à la rue avant d’être reçus pour une « évaluation », estimés majeurs sur un simple coup d’œil, leurs documents systématiquement suspectés, soumis à des tests d’âge osseux détournés de leur usage médical, nombre d’entre eux ne sont jamais pris en charge. D’autres, dans l’Hérault en particulier, hébergés quelques mois, sont condamnés à des peines de prison ferme, leurs papiers ayant été décrétés faux ou suite à des tests d’âge osseux.
Ceux qui finissent par être admis à la « protection » des services d’Aide Sociale à l’enfance subissent une véritable discrimination par rapport aux autres enfants pris en charge dans de meilleures conditions. Ils sont, pour beaucoup, abandonnés dans des chambres d’hôtel, parfois sordides, sans suivi ni social ni psychologique. Certains ne sont pas scolarisés ou ne finissent par l’être qu’après des mois de demandes et d’attente. Ils sont souvent contraints de se débrouiller par eux-mêmes pour se vêtir, se soigner, se déplacer, tenter d’obtenir un titre de séjour à leur majorité, ballottés d’un hôtel à l’autre, parfois déplacés d’une ville à une autre comme des mistigris que se refileraient les présidents de Conseils départementaux (responsable des services d’Aides Sociales à l’Enfance). Presque systématiquement privés de Contrats Jeune majeur, ils se retrouvent, le jour de leurs 18 ans, sans papiers, sans hébergement, sans nourriture, sans famille, sans soutien. Bon anniversaire !
Fort heureusement pour eux –mais aussi pour l’honneur de la population de ce pays— ils trouvent chez les associations, les collectifs mais aussi chez beaucoup de particuliers des aides, parfois ponctuelles, parfois de plus longue durée, qui leur permettent de tenir, et, faut-il espérer, de sortir un jour de la situation honteuse dans laquelle les enferme la politique du président de la République, du Premier ministre, des ministres, à commencer par celui de l’Intérieur et qu’exécutent avec trop de zèle nombre de préfets et de président de Conseils départementaux.
Des faits odieux, qui à n’en pas douter, seront un jour jugés comme tels par les manuels d’histoire, mais qui doivent dès à présent être connus largement et aussi être mis publiquement sous les yeux des responsables, à commencer par le premier d’entre eux, Emmanuel Macron, président de la République française. C’est ce que nous faisons en allant porter à l’Elysée les témoignages de la maltraitance institutionnelles que subissent ces enfants, publiés sur le blog du Jujie du 25 octobre au 20 novembre [3] en demandant que soit assurée pour tous les mineurs et les jeunes majeurs une prise en charge effective, garantissant leurs droits à la protection, à l’éducation et au séjour, dans le respect des conventions internationales ratifiées par l’Etat français.