
Maid n’est pas le genre de série dont on ressort indemnes, le cœur léger. En dépit de son diffuseur, Netflix, ce n’est pas non plus une série qui invite nécessairement au binge-watching. Voilà pourquoi, peut-être, j’ai mis si longtemps à la visionner en entier.
(...) L’autrice y raconte une période particulièrement dure de sa vie, quand elle était une mère au foyer dans la vingtaine, séparée du père de sa fille, et travaillait comme femme de ménage pour subvenir à leurs besoins. Elle a vécu pendant un temps sous le seuil de pauvreté, survivant d’aides sociales, de son travail physiquement éprouvant et mal payé, trouvant refuge dans des centres d’hébergement d’urgence pour les personnes SDF.
Très bien reçu par la critique, ce livre autobiographique constitue un témoignage édifiant sur la façon dont la société abandonne les personnes pauvres, dont les mères célibataires. L’adaptation en série s’avère tout aussi saisissante. À partir du moment où Alex fuit en pleine nuit avec son enfant sous le bras, pour échapper à une relation abusive et des violences conjugales, elle s’enfonce dans la pauvreté et dans un cycle infernal où, à chaque éclaircie, elle se retrouve tirée à nouveau vers le bas par les circonstances et des proches instables. Si on n’est pas loin, par moments, de tomber dans un récit misérabiliste (Alex enchaîne les galères à un rythme très soutenu, qui a de quoi faire hurler devant son poste), Maid évite en vérité cet écueil, en restant collée au ressenti de son héroïne. (...)