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Marché de la misère : le grand retour de l’économie de la débrouille
Article mis en ligne le 19 février 2011
dernière modification le 16 février 2011

« S’ils arrêtent les contrôles policiers, il n’y aura plus de déchets. Quand les gens fuient, ils préfèrent perdre les vêtements que payer une amende de 280 euros. Et c’est à la mairie de ramasser les déchets », explique Karim, qui regrette la gêne occasionnée. Karim, est un « biffin » (« étoffe » en vieux français) : il est héritier de la tradition des chiffonniers, à l’origine des marchés aux Puces aux portes de Paris. Karim a 60 ans passés, il « biffe » depuis plus de vingt ans. Arrivé en France en 1976 après avoir été magasinier en lingerie, ce tunisien diplômé de l’École professionnelle supérieure d’informatique s’est retrouvé au chômage. Pour lui, « la vente de recyclage », c’est « une nécessité économique et sociale parce que la pauvreté s’installe ».

(...) Les biffins seraient entre 1.500 et 3.000 à Paris et ses environs. Face à l’ampleur du phénomène, le Conseil régional d’Ile de France a voté pour 2011 un budget d’un million d’euros pour répondre à cette question sociale. Mais plusieurs mairies du Nord-est de Paris préfèrent envoyer les forces de l’ordre, plutôt que mettre en place des espaces de vente autorisée. Une répression qui ne fait que déplacer le problème.(...)

Ce n’est pas la récente loi de sécurité intérieure, Loppsi 2, qui va arranger les affaires des biffins. Au prétexte de lutter contre « l’économie souterraine », la loi [2] prévoit « six mois d’emprisonnement et 3.750 euros d’amende pour "vente à la sauvette". Et 15.000 euros d’amende pour la « vente en réunion
(...)
 »... Immigrés d’Europe de l’Est non autorisés à travailler, personnes âgées à la retraite trop maigre ou habitants du quartier attirés par une biffe légalisée, tous se retrouvent à faire les poubelles. « Noirs, Rroms, Gaulois, Chibanis, c’est une sorte de saladier multi-ethnique »(...)

L’activité de revente de produits recyclés devrait pourtant intéresser les élus de Paris si enclins à vanter l’écologie et le traitement des déchets. « Les biffins sont écolos, ils vont avec le Grenelle de l’environnement. C’est le "biffin développement durable, lien solidaire, économie verte" »(...)

A ceux qui ont oublié que la révolte tunisienne a commencé par la répression d’un vendeur à la sauvette, Danie, biffine depuis vint ans, prévient : « ça va faire comme en Tunisie, les gens vont se révolter ! »(...)

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