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Marek Halter à Pau : un conteur face à l’intolérance
Article mis en ligne le 23 novembre 2015

« Pour vivre avec quelqu’un, il faut le valoriser ». Marek Halter aime donner des coups de pied dans les fourmilières qu’il rencontre. Quitte, mine de rien, à tordre un peu le bras à nos bonnes consciences. L’écrivain juif, qui a vu sa sœur mourir dans un camp de réfugiés pendant la seconde guerre mondiale, était l’un des nombreux invités des rencontres littéraires « Les idées mènent le monde », organisées à Pau. Au moment où la France vit le traumatisme des attentats terroristes, il a saisi l’occasion pour rappeler l’importance de l’attention portée à l’autre, mais aussi « l’incroyable puissance de la parole ».

« J’ai toujours tiré une leçon de ce que j’ai vécu » explique celui qui, gamin analphabète devenu aujourd’hui président d’un collège universitaire russe, raconte comment il a jadis fui les nazis avec ses parents pour se retrouver en Union soviétique dans un camp où la faim le tenaillait.

Les voleurs et « Les trois mousquetaires »

Pour survivre, il fallait voler. « J’étais un bon voleur. Mais je ne courais pas vite » dit-il avec l’humour dont il ne se départit jamais. Admis dans un groupe de chapardeurs, l’enfant qu’il était a survécu en captivant ses copains par ses talents de conteur. (...)

« Quelle aventure propose-t-on aujourd’hui à un môme de Saint-Denis ? " enchaîne Marek Halter. " Alors que d’autres l’envoient en Turquie, puis le mettent sur un char où il fait un selfie qu’il va envoyer à tous ses copains en se prenant pour James Bond. Personne n’est alors là pour lui dire qu’il ne s’agit pas d’une vraie aventure. Que celle-ci consiste à se serrer les coudes, comme dans les Trois Mousquetaires, pas à apporter la mort. C’est là où nous avons failli. Il est trop facile de rejeter la faute sur les autres. Non ! C’est peut-être aussi la nôtre ». (...)

« Même dans les situations les plus inhumaines, on peut trouver de l’humain » estime l’écrivain. Avant d’expliquer à une salle comble pourquoi, pendant longtemps, on a bandé les yeux des condamnés avant de les exécuter. « Ce n’est pas pour protéger celui que l’on va tuer de la vision de la mort. C’est pour que le condamné ne puisse pas croiser le regard de son assassin. Car celui-ci va y trouver une part de son humanité ».

Là encore, ce fervent partisan du dialogue entre les religions – qui a invité des imams à chanter la Marseillaise devant le Bataclan afin de calmer quelques passantes excitées au lendemain des attentats- insiste sur la force des mots. Même s’il faut pousser le raisonnement jusqu’à l’extrême. « Je suis persuadé que si une personne armée d’une kalachnikov se trouvait en face de moi et me laissait parler, elle ne me tuerait pas ». (...)

il faut parler, encore et toujours, assure-t-il. « La chose la plus extraordinaire qui nous ait été donnée dans notre enfance, c’est la parole. Tant que je vivrai, je recommencerai ».
(...)