
Les hommes partis d’Afrique laissent souvent une famille au pays. À Louga, dans le nord du Sénégal, les épouses esseulées, particulièrement nombreuses, vivent parfois un calvaire.
...Deux ans, six ans, voire dix ans que ces femmes n’ont pas vu leurs maris émigrés. Dépourvus de papiers, beaucoup de ces hommes ne peuvent prendre le risque de rentrer chez eux. Ici, un gamin de 3 ans n’a pas encore rencontré son père. Là, une adolescente de 13 ans a été mariée de force, par sa tante, à un modou-modou, un émigré sénégalais. Parce qu’épouser un émigré c’est, croit-elle, des revenus assurés. D’autres se sont mariées par amour. Pas de regrets, mais une absence pesante, comblée par les coups de fil quotidiens et les cassettes vidéo envoyées en Europe. D’autres encore ont été choisies sur photos. À Paris, à Milan, un Sénégalais les a trouvées belles sur ce cliché d’un baptême, envoyé à l’oncle, qui habite le même appartement....