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Maroc : les couches populaires sous le double joug du microcrédit et du despotisme
Article mis en ligne le 6 avril 2017

Lorsqu’en 2011 est apparu au Maroc un vaste mouvement de lutte des victimes du microcrédit, composé majoritairement de femmes, plus particulièrement dans la région de Ouarzazate, l’association ATTAC CADTM Maroc a soutenu et accompagné ce combat. Elle a organisé plusieurs actions concrètes de soutien dont la caravane internationale de solidarité en avril 2014 qui a connu une large participation des organisations membres du réseau international du CADTM |1|, et publié des brochures et des dizaines d’articles afin de sensibiliser aux méfaits sociaux du système de microcrédit et de les dénoncer.

L’Assemblée mondiale du réseau CADTM tenu à Tunis en avril 2016 a largement discuté le système du microcrédit, analysé ses causes et les ravages qu’il provoque à l’échelle des trois continents du Sud (l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine), et a proposé des éléments d’alternatives. C’est une thématique qui est désormais l’une des priorités du réseau et de ses organisations, plus particulièrement dans ces trois continents. C’est dans cette optique que l’Assemblée a décidé d’organiser un séminaire international sur les femmes et la lutte contre le microcrédit et les dettes illégitimes à Bamako au Mali du 16 au 19 novembre 2017. (...)

La Banque mondiale aggrave la pauvreté et offre les pauvres en pâture au capital financier

Le Capital cherche à accumuler des bénéfices partout où il le peut y compris sur le dos des pauvres, qui, s’ils n’ont pas beaucoup d’argent, sont en revanche très nombreux. (...)

Les institutions financières mondiales, la Banque mondiale à leur tête, essayaient d’inventer des outils pour jeter ce grand nombre de personnes dans le moulin à produire du profit. Elles mettent alors en avant « l’inclusion financière », qui consiste à offrir des services financiers pour les pauvres notamment par le biais du microcrédit |2|. Ainsi, au début des années 1980, et avec la généralisation des programmes d’ajustement structurel qui ont approfondi la crise économique et sociale dans la majorité des pays du Sud, Muhammad Yunus a officiellement créé la Grameen Bank au Bangladesh en tant qu’institution bancaire fournissant des microcrédits aux pauvres exclus du système bancaire et contribuant ainsi à les intégrer dans le cercle du capital |3|. Depuis lors, les institutions de microcrédit se sont rapidement multipliées dans les pays sous-développés. Leur nombre atteignaient 1 045 en 2014 avec 112 millions de clients à faible revenu, dont 70 % de femmes, et un portefeuille de crédit de 87 milliards de dollars |4|.
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Les banques et les grandes sociétés financières internationales ont également accompagné cet essor pour obtenir leur part du gâteau, soit en accordant des prêts directs aux institutions de microcrédit, soit en créant leurs propres divisions de microcrédit. Le secteur du microcrédit est alors devenu une partie intégrante des marchés financiers. Les institutions de microcrédit accumulent des bénéfices, diversifient leurs activités de microfinance, et nombre d’entre elles se transforment en banques. Ainsi, le capital financier domine l’ensemble de l’activité du secteur de la microfinance.
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L’État marocain sauve le secteur du microcrédit de la crise et lui permet des taux d’intérêt abusifs pour garantir ses bénéfices

Il est certain que la diffusion de l’étude de l’association ATTAC CADTM Maroc dérangera beaucoup les institutions de microcrédit dans notre pays. Jusqu’à présent, aucune d’elles n’a pu nier ou infirmer ce que la presse a publié. Les institutions de microcrédit ont commencé à émerger au milieu des années 1990, après dix ans de mise en œuvre du programme d’ajustement structurel, qui a provoqué des tragédies sociales profondes parmi les couches populaires. (...)